“Tout ira bien pour qui sera trouvé la possédant au dernier jour.”

Cela suggère-t-il qu’on peut aimer à la manière du Seigneur sans nous efforcer d’être juste par ailleurs? Refuser de se repentir en vertu de “l’amour” ne saurait faire référence à un amour “véritable”, car “Dieu est amour” (Jean) et l’iniquité est “contraire à la nature de Dieu” (Alma). Que penser de Luc 7:47; 1 Pierre 4: 8 et Jacques 5:20? Une “bonne” œuvre peut être faite sans charité, Paul est très clair là-dessus dans 1 Corinthiens 13.

Et quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture des pauvres, quand je livrerais même mon corps pour être brûlé, si je n’ai pas la charité, cela ne me sert de rien.

On sait que le but des commandements est de nous guider sur le chemin de la conversion, pour qu’en exerçant notre foi par l’obéissance, nous pratiquions la justice et que notre cœur soit changé par la grâce du Christ. Mais changé comment? Changé, a priori, de façon à être rempli de charité, ce qui n’est pas le cas naturellement, puisque l’homme naturel est orgueilleux, et que l’orgueil est inimitié.

Ce que je pense, c’est que l’amour qui est éprouvé ou donné sans justice n’est pas un “amour” charitable. Au mieux un intermédiaire, au pire une contrefaçon. Comme il n’est pas charitable de douter de la sincérité des autres (la charité, après tout, ne soupçonne pas le mal), optons pour un intermédiaire: car, enfin, la grâce et la miséricorde dont nous bénéficions grâce à l’expiation du Sauveur nous permet d’acquérir progressivement les vertus chrétiennes… Quelque part, oui, il “suffit” d’avoir la charité, au sens scripturaire, c’est-à-dire pas d’être charitable au sens du langage courant, puisque l’amour pur du Christ est le résultat du repentir. Pas de plus beau résumé que 1 Timothée 1:5

“Le but du commandement, c’est une charité venant d’un cœur pur, d’une bonne conscience, et d’une foi sincère.”

2 Pierre 1: 5-7 (5-9) semble placer la charité en point culminant de notre progression. Il est aussi intéressant de noter que DA 121:45-46 associe la charité à la vertu en ce qui concerne la source de notre assurance devant Dieu: on ne peut pas dissocier la charité de la justice.

Ainsi, quand Jésus dit que “ses nombreux péchés lui sont pardonnés, car elle a beaucoup aimé”, il peut vouloir dire que l’amour qu’elle a eu pour le Sauveur l’a conduit à se repentir. Quand Pierre dit que la charité couvre une multitude de péchés, j’entends qu’une personne qui a la charité n’a plus dans le cœur tout ce qui est en opposition à la charité: et quand on lit Moroni 7:45, ça couvre en effet une multitude de péchés… Quand Jacques écrit qu’amener une âme au Christ couvre une multitude de péchés, je comprends qu’élever la lumière du Christ requiert de la foi, ce qui n’est pas possible dans la durée sans repentir. Donc oui: tout ira bien pour qui aura la charité au dernier jour, non parce que l’obéissance à un commandement compense la désobéissance aux autres, mais parce que l’obéissance à ce commandement inclut l’obéissance aux autres. En d’autres termes, “de [la charité, qui est l’amour pur du Christ et de tous les hommes, dépendent] la loi et les prophètes".