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« Car là où est ton trésor, là aussi sera ton coeur. »

  • Morinehtar
  • 17 oct. 2021
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 23 oct. 2021

Doit-on, ou non, chercher à se distinguer ?


L’individu n’existe qu’en se distinguant du groupe, et nous ne sommes ni clones ni robots. Le désir de reconnaissance est naturel. Mais la poursuite « mal menée » de la reconnaissance conduit à la vanité. La nature de l’orgueil est l’inimitié, sa solution l’humilité. L’humilité de reconnaître Dieu et son plan, de reconnaître les autres.


« Quiconque veut être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur. » À partir de là, le serviteur est tout à fait libre de se personnaliser, de s’individualiser, il est aussi de son devoir de se qualifier. Quels fruits de son travail cherchera-t-il ? Comment s’épanouira-t-il? Aspirera-t-il aux louanges ? Le Seigneur parle de ne pas chercher les louanges des hommes mais plutôt les « récompenses » de Dieu. Il nous demande aussi d’avoir « l’oeil fixé uniquement sur la gloire de Dieu »….gloire qui n’est rien moins que nous amener à nous accomplir. Il est vrai que notre compréhension de notre potentiel est déterminante pour nos aspirations.


D’ailleurs être serviteur, c’est bien, mais quelle est la nature du service, objet de tant de gloire ?

Si le but est d’influencer d’autres âmes à suivre le même chemin du service, quel est l’état désiré ?


L’Évangile de Jésus-Christ n’est pas un évangile de carottes et de bâtons. Quand le roi Benjamin parle de « l’état béni et bienheureux de ceux qui gardent les commandements de Dieu », il parle du résultat naturel du caractère et des dispositions des âmes forgées par la foi, qui ont atteint un niveau de justice qui correspond à la « nature du bonheur » (Alma 41:11). Ainsi, il y a une joie à obtenir, au-delà de l’approbation du Père et des louanges des anges.


Dès lors, il existe une distinction faite entre les enfants de Dieu, et la mesure en est la justice : produite, atteinte, désirée, le plan de salut est en lui-même élitiste par nature. Mise à l’épreuve et jugement, distinction de gloires...Il n’est question que d’éclats qui diffèrent dans leur brillance, de séparer les boucs et les brebis, les poissons et les déchets, les justes et les méchants, de degrés d’intelligence acquis par la foi et la diligence, en vertu du libre arbitre, libre arbitre qui est au centre de tout le système.


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Il est intéressant de noter qu’alors même que cette distinction est opérée par les lois et la justice de Dieu, et que la justice (=righteousness) est honorable en et pour elle-même, la différence de justice n’est pas un objet de louange ou de gloire. Il n’y a pas de valeur dans la comparaison. Le juste ne se réjouit pas d’être plus juste qu’un autre (ou il cesserait d’être juste à cause de son orgueil). Le juste le devient en cherchant la justice, pas en cherchant à être « meilleur » que les autres. Il brille en éclairant les autres, pas en leur faisant de l’ombre.


L’un de ceux-ci est le capitaine Moroni : Mormon le décrit dans le quarante-huitième chapitre du livre d’Alma :


Et Moroni était un homme fort et puissant ; c’était un homme qui avait une compréhension parfaite ; oui, un homme qui ne mettait pas ses délices dans l’effusion du sang ; un homme dont l’âme se réjouissait de voir son pays et ses frères libres et indépendants de la servitude et de l’esclavage ;
un homme dont le cœur se gonflait d’actions de grâces envers son Dieu pour les nombreuses garanties et les nombreuses bénédictions qu’il conférait à son peuple ; un homme qui travaillait énormément au bien-être et à la sécurité de son peuple.
Oui, et c’était un homme qui était ferme dans sa foi au Christ […] Oui, en vérité, en vérité je vous le dis, si tous les hommes avaient été, et étaient, et devaient être un jour semblables à Moroni, voici, les puissances mêmes de l’enfer auraient été ébranlées à jamais ; oui, le diable n’aurait jamais eu de pouvoir sur le cœur des enfants des hommes [parce qu’il, le diable, n’aurait rien eu à leur offrir].

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Dans Alma 53:2, on lit que Léhi « était un homme semblable à Moroni » (voir description ci-dessus), et que ces deux-là « étaient aussi aimés de tout le peuple de Néphi » → sans rechercher la popularité, ils se sont tout de même distingués parmi le peuple.

Mieux encore, dans Alma 49:17, on lit que « les Lamanites [...] craignaient extrêmement Léhi ».

Aimés de leur peuple, craints de leurs ennemis, on ne fait guère mieux en termes de distinction et de gloire. Mais ce n’est pas là qu’est leur coeur. Il se réjouissent de la valeur de leurs frères (Alma 59:1-2) au lieu d’en être jaloux, et ne s’irritent qua face à des comportements contraires à leurs valeurs : Alma 44:17 ; Alma 51 : 14 ; Alma 55:1 ; Alma 59:13. Ils ne craignent pas l’humiliation, ou la souffrance (Alma 60:3-4 ; 62:1). « Je ne cherche pas le pouvoir, mais je cherche à l’abattre. Je ne cherche pas les honneurs du monde, mais la gloire de mon Dieu, et la liberté et le bien-être de mon pays. » Alma 60:36.


Que sont ces « honneurs du monde », ainsi mis en opposition à la gloire de Dieu, et qui font l’objet des distinctions injustes entre les enfants des hommes ?

Avec quoi le diable entraîne-t-il les gens à abandonner les sentiers de la justice ? Bien que dans les détails leurs formes n’ont de limites que les vaines imaginations des personnes concernées, les tentations peuvent généralement se catégoriser suivant les tentations du Christ suite à son baptême et son jeûne de 40 jours dans le désert. Le pain, le pinacle du temple, les royaumes et la gloire du monde. La chair, l’esprit, les biens matériels.


Et le peuple commença à se distinguer par rangs, selon leur richesse et leurs possibilités de s’instruire ; oui, les uns étaient ignorants à cause de leur pauvreté, les autres recevaient une grande instruction à cause de leur richesse. (3 Néphi 6:12)
Et alors, cette deux-cent-unième année, certains parmi eux commencèrent à être enflés dans l’orgueil, portant des vêtements somptueux, et toutes sortes de perles fines, et les choses raffinées du monde. Et à partir de ce moment-là, ils n’eurent plus leur subsistance en commun. Et ils commencèrent à être divisés en classes. (4 Néphi1 : 24-26)
Mais il n’est pas permis qu’un homme possède davantage qu’un autre, c’est pourquoi le monde est dans le péché. (DA 49:20)


Dès lors, comment se personnaliser, s’individualiser ? Ou est-ce une poursuite vaine, parce que nous sommes des produits manufacturés, standardisés, définis et identifiés par nos qualités et nos défauts (cf quand on dit que chacun doit être servi ou enseigné selon ses besoins, ses « besoins » se réfèrent a priori à ce qui lui manque pour atteindre la perfection) ?


Je suppose qu’il est prévu que nous soyons différents (c’est-à-dire, que nous venions sur terre dans des conditions différentes et à des stades de progression différents) pour permettre plus complètement l’exercice de notre libre arbitre….mais tout en étant faits de la même matière et investis des mêmes potentiels et objectifs. (Alma 13:3-5)


Considérons cet enseignement d’Elder Bednar (« Devenir un missionnaire qui applique Prêchez mon Évangile », Liahona oct 2013) :


Comme notre responsabilité est d’aider les amis de l’Église à apprendre par la foi et par le pouvoir du Saint-Esprit, cette œuvre n’est ni la mienne, ni la vôtre. Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour nous acquitter de notre responsabilité missionnaire et en même temps « nous écarter » afin que le Saint-Esprit puisse accomplir sa fonction et son œuvre sacrées. En fait, tout ce que vous ou moi faisons en tant que représentants du Sauveur qui attire volontairement et intentionnellement l’attention sur nous-mêmes, dans le message que nous présentons, les méthodes que nous utilisons, notre comportement ou notre apparence, est une forme d’intrigue de prêtres qui nuit à l’efficacité de l’enseignement du Saint-Esprit.

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La sobriété qui incombe aux représentants « officiels » du Sauveur et de son Église n’incombe-t-elle pas aussi à qui désire vivre plus conformément aux alliances sacrées contractées précisément dans le but de devenir comme notre Maître ? Ne sommes-nous pas tous appelés à porter le nom du Christ, qui « n’avait ni beauté ni éclat pour attirer nos regards » et dont « l’aspect n’avait rien pour nous plaire » ? (Esaïe 53:2) Le ministère que nous exerçons d’après les alliances du baptême, de la prêtrise et du temple (sacrifice, consécration,…) n’est-il pas supposé être exercé sur les ailes du Saint-Esprit ?


Conclusion :


Vaines prises de têtes ? Considérations extrêmes, au-delà du point marqué ?

Je joins à ces réflexions une courte liste de passages d’écritures suggérant que comme l’indique le précepte qui figure dans le titre, la recherche de la qualité n’est pas une mauvaise chose en soi, au contraire, mais le devient lorsque nos désirs et aspirations dévient de la recherche de la gloire de Dieu vers l’égoïsme et l’égocentrisme, et l’orgueil sous toutes ses formes.




Pour résumer, ces paroles d’Enos (Enos1:26)


Et je vis que j’allais bientôt descendre dans la tombe, ayant été poussé par le pouvoir de Dieu à prêcher et à prophétiser à ce peuple, et à annoncer la parole, selon la vérité qui est dans le Christ. Et je l’ai annoncée toute ma vie, et je m’en suis réjoui plus que de toute autre chose au monde.


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