La grande démission: à l'Église comme dans les entreprises?
- Morinehtar
- 11 nov. 2022
- 16 min de lecture
Dernière mise à jour : 7 mai 2023
"Grande démission", "quiet quitting", des termes à la mode depuis quelques mois dans la presse et sur les réseaux sociaux au sujet du monde de l'entreprise et plus généralement du travail, qui désignent un phénomène de baisse d'enthousiasme, voire de productivité, où notamment les salariés font le strict minimum sans nécessairement chercher à promouvoir leur entreprise, afin de conserver leur temps et leur énergie à des fins personnelles et investir dans leur bien-être, leurs loisirs ou leurs relations familiales ou sociales, à l'inverses des générations précédentes pour lesquelles les ressources de beaucoup étaient consacrées à la carrière professionnelle. Dans un article du site hellowork, il est suggéré que cette attitude se manifeste concrètement par le fait par exemple de ne jamais faire d'heures supplémentaires, ou de ne pas consulter ses emails professionnels en dehors des heures de travail, mais aussi de refuser de nouvelles missions, de ne pas prendre d'initiative, de ne pas s'impliquer dans la vie d'entreprise et plus largement de ne pas se définir par son emploi.
Je ne suis pas en train de dire que c'est bien ou mal, il y a des choses parfaitement raisonnables et beaucoup de choses là-dedans sont une question de perspective.
La question de l'équilibre revient d'ailleurs régulièrement dans les sessions de questions/réponses lors des formations pour les dirigeants de l'église quand les Autorités Générales visitent les pieux à travers le monde.
L'Église n'est pas une entreprise au sens économique du terme (ce n'est pas non plus un club de loisir!). Pourtant la notion de travail y est centrale, pas de travail au sens d'emploi, mais bien d'effort orienté vers une production. Travail est synonyme d'oeuvre, et on ne parle que d'oeuvre du Seigneur, et d'oeuvre du salut, à laquelle nous sommes appelés à participer. Que devons-nous produire? Quelle est la nature du travail que l'on accomplit dans l'Eglise de Jésus-Christ? Que cherchons-nous à produire? L'Église n'est pas la nôtre, et celui qui est à la fois l'auteur et le consommateur de notre foi a répondu à ces questions:
Car voici mon oeuvre et ma gloire: réaliser l'immortalité et la vie éternelle de l'homme.
Ok, mais ça c'est son oeuvre à lui, non? Qu'est-ce que ça a à voir avec nous? Nous n'allons pas réaliser l'immortalité de l'Homme, puisque le Fils de Dieu a déjà vaincu la mort; quant à la vie éternelle, ma foi, n'est-ce pas par la grâce du Fils de Dieu que nous_et les autres_sommes sauvés? Quel travail pouvons-nous bien accomplir qui justifie tant d'exigence et de consécration de notre part?
Il s'agit de chercher à comprendre la manière d'agir du Seigneur, et surtout d'avoir foi en la sagesse de notre Créateur.
Oui, c'est par la grâce du Christ que nous pouvons recevoir le pardon de nos péchés (cf justification), et c'est aussi par sa grâce que nous pouvons être rendus parfaits (cf sanctification). Et nous nous lions à lui en contractant des alliances sacrées qui sont valides en vertu de son autorité. C'est par ces alliances que nous recevons les promesses du pardon et du salut, puisqu' en contractant ces alliances nous nous humilions et reconnaissons notre dépendance envers lui et nous engageons à garder ses commandements. En d'autres termes, nous exerçons notre foi, et affirmons notre croyance qu'il est capable de nous sauver et de faire de nous davantage que ce que nous pouvons devenir seuls. C'est pour ça que nous invoquons son nom. Or voici ce qu'explique Paul dans Romains 10:
13 Car quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé.
14 Comment donc invoqueront-ils celui en qui ils n’ont pas cru ? Et comment croiront-ils en celui dont ils n’ont pas entendu parler ? Et comment en entendront-ils parler, s’il n’y a personne qui prêche ?
15 Et comment y aura-t-il des prédicateurs, s’ils ne sont pas envoyés ? selon qu’il est écrit : Qu’ils sont beaux Les pieds de ceux qui annoncent la paix, De ceux qui annoncent de bonnes nouvelles !
La manière d'agir du Seigneur, depuis Adam jusqu'à la Seconde Venue, est d'appeler des hommes à qui il délègue les clés de la prêtrise pour prêcher la foi au Christ et accomplir les ordonnances par lesquelles sont contractées les alliances de l'Evangile, rendant ainsi le salut accessible à ceux qui croient. Il y a donc nécessairement, dans le modèle que Dieu a organisé, des ouvriers mortels dans sa vigne. L'Église est vitalisée par le pouvoir du Saint-Esprit, mais le pouvoir des cieux se manifeste en réponse à la foi de ses membres, qui l'exercent en oeuvrant pour établir Sion.
Moi, le Seigneur, je vous pose donc cette question : À quoi avez-vous été ordonnés ?
À prêcher mon Évangile par l'Esprit, oui, par le Consolateur qui a été envoyé pour enseigner la vérité. D&A 50:13-14
Ah, Sion....Ville sainte, peuple du Seigneur, royaume de Dieu sur terre....Il faut oeuvrer, oui, à la fois pour ancrer en nous les principes qui font de Sion ce qu'elle est, et aussi pour l'étendre à tous ceux qui sont disposés à y participer. Alors oui, le Seigneur est capable de faire sa propre oeuvre, et il l'a dit. Toutefois, c'est moins lui qui a besoin de nos services que nous qui avons besoin de servir dans le processus de surmonter l'homme naturel, cet ennemi de Dieu qui n'est ni d'un seul coeur ni d'un seul esprit, ne demeure pas dans la justice et ne se préoccupe pas de savoir s'il y a des pauvres autour de lui.
Que signifie établir Sion, ou établir le royaume?
Dans le guide du service missionnaire Prêchez mon Évangile, il est dit:
L’Église s’établit lorsque des gens qui ont un témoignage sont baptisés et confirmés, respectent leurs alliances, se préparent activement à aller au temple et contribuent à fortifier la paroisse ou la branche.
Ainsi il est clair que "fortifier" ne signifie pas simplement "augmenter en nombre". La croissance "réelle" a lieu quand l'ensemble des membres progresse sur le chemin des alliances, en autonomie temporelle et spirituelle et participe activement à l'oeuvre du salut des deux côtés du voile.
Assez tergiversé: que doit-on "produire", à force d'enseignement et de service? Quel est l'objet du ministère des membres de l'Église de Jésus-Christ?
Voyons ce que dit le Seigneur dans Esaïe 5:
4 Qu’y avait-il encore à faire à ma vigne, Que je n’aie pas fait pour elle ? Pourquoi, quand j’ai espéré qu’elle produirait de bons raisins, En a-t-elle produit de mauvais ?
7 La vigne de l’Éternel des armées, c’est la maison d’Israël, Et les hommes de Juda, c’est le plant qu’il chérissait. Il avait espéré de la droiture, et voici du sang versé ! De la justice, et voici des cris de détresse !
Galates 5: 22 est connu des missionnaires qui enseignent "les fruits de l'Esprit" ou la manière de reconnaître l'influence du St-Esprit dans notre vie et en réponse à nos prières, comme une manifestation directe du pouvoir de Dieu. Et c'est vrai, la paix, la joie, l'amour sont réellement apportés par le Saint-Esprit.
Toutefois en lisant le reste du chapitre, et en particulier les versets qui précèdent ceux décrivant "le fruit de l'Esprit [de Dieu]", on se rend compte qu'il s'agit aussi et surtout des fruits produits par les personnes qui suivent le Saint-Esprit.
16 Je dis donc : Marchez selon l’Esprit, et vous n’accomplirez pas les désirs de la chair.
17 Car la chair a des désirs contraires à ceux de l’Esprit, et l’Esprit en a de contraires à ceux de la chair ; ils sont opposés entre eux, afin que vous ne fassiez point ce que vous voudriez.
18 Si vous êtes conduits par l’Esprit, vous n’êtes point sous la loi.
19 Or, les oeuvres de la chair sont manifestes, ce sont l’impudicité, l’impureté, la dissolution,
20 l’idolâtrie, la magie, les inimitiés, les querelles, les jalousies, les animosités, les disputes, les divisions, les sectes,
21 l’envie, l’ivrognerie, les excès de table, et les choses semblables. Je vous dis d’avance, comme je l’ai déjà dit, que ceux qui commettent de telles choses n’hériteront point le royaume de Dieu.
22 Mais le fruit de l’Esprit, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la fidélité, la douceur, la tempérance ;
23 la loi n’est pas contre ces choses.
24 Ceux qui sont à Jésus Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses désirs.
25 Si nous vivons par l’Esprit, marchons aussi selon l’Esprit.
26 Ne cherchons pas une vaine gloire, en nous provoquant les uns les autres, en nous portant envie les uns aux autres.
Ce principe a été répété le mois dernier par le président Nelson, dans son exhortation à vaincre le monde et à trouver du repos, dont voici deux extraits:
Vous pouvez surmonter les fléaux spirituellement et émotionnellement épuisants du monde, notamment l’arrogance, l’orgueil, la colère, l’immoralité, la haine, la cupidité, la jalousie et la peur. Malgré les distractions et les déformations de la vérité qui tourbillonnent autour de nous, vous pouvez trouver le vrai repos, c’est-à-dire le soulagement et la paix, malgré vos problèmes les plus épineux.
Vaincre le monde n’est pas un événement qui se produit en un ou deux jours. Cela se produit au cours de notre vie entière tandis que nous adoptons continuellement la doctrine du Christ. Nous cultivons la foi en Jésus-Christ en nous repentant quotidiennement et en respectant les alliances qui nous dotent de pouvoir. Nous restons sur le chemin des alliances et recevons en bénédiction la force spirituelle, la révélation personnelle, une foi grandissante et le ministère d’anges. Vivre la doctrine du Christ produit le cycle vertueux le plus puissant, créant un élan spirituel dans notre vie. Si nous nous efforçons de vivre les lois supérieures de Jésus-Christ, notre cœur et notre nature même commenceront à changer. Le Sauveur nous élève au-dessus de l’attraction de ce monde déchu en nous accordant plus de charité, d’humilité, de générosité, de gentillesse, de discipline, de paix et de repos.
L'Église n'a pas le monopole de la bonté ou des bonnes personnes dans le monde. En fait, tous les enfants de Dieu sur terre bénéficient de la lumière du Christ et sont capables de progresser. Mais comme l'a dit le prophète: "Vivre la doctrine du Christ produit le cycle vertueux le plus puissant, créant un élan spirituel dans notre vie. Si nous nous efforçons de vivre les lois supérieures de Jésus-Christ, notre cœur et notre nature même commenceront à changer".
Il est aussi important de noter qu'on peut travailler dur dans l'Église sans vivre pour autant la doctrine du Christ, si on se laisse aller à ne suivre que des traditions, des préceptes humains, ayant une forme de piété mais en en niant la puissance. Ou alors on peut être tenté par les intrigues de prêtres, et servir nos propres intérêts en négligeant d'oeuvrer pour la gloire de Dieu ou le bien-être de nos frères et soeurs. Et c'est peut-être en ne voyant pas les fruits promis de l'oeuvre du Seigneur qu'on se décourage et qu'on est petit à petit amené à "démissionner".
Une note sur les intrigues de prêtres: je disais au début que l'église n'était pas une entreprise. L'objectif d'une entreprise est de gagner du profit. Parallèlement, une organisation politique "compte les points" en terme de popularité, en gagnant du soutien et des voix lors d'élections par exemple. Il est intéressant que Néphi décrit les intrigues de prêtres comme étant le détournement de l'autorité de la prêtrise et/ou des écritures pour la recherche de profit personnel (la gloire du monde) et les louanges du monde (statut social). L'Église n'est ni une entreprise ni une organisation politique, mais en y oeuvrant ses membres marchent sur un fil d'où il ne tomberont pas s'ils gardent l'oeil fixé sur la gloire de Dieu, mais où si tel n'est pas le cas ils risquent d'être attirés par l'un ou par l'autre...notamment parce qu'au niveau organisationnel, administratif, les rouages (réunions, rapports, etc) peuvent rappeler les pratiques professionnelles et administratives existant dans d'autres organisations. Dans le royaume de Dieu, on "compte les points" en vies bénies, en âmes sauvées, en pouvoir spirituel, en fruits de l'Esprit.
Or, si on peut travailler dans l'Eglise sans vivre l'Evangile, on ne peut pas vraiment ou pas complètement vivre l'Evangile sans oeuvrer dans l'Église, parce que les alliances de l'Évangile impliquent d'élever nos frères et soeurs et de les inviter continuellement à aller au Christ, et que c'est fondamentalement ce que les activités et programmes de l'Eglise visent. Si nous y faisons autre chose, c'est que nous faisons fausse route. Prions pour que le Saint-Esprit nous aide à discerner à travers des tâches administratives ou le ménage de la chapelle ou une activité de la primaire comment nous sommes en train de servir la cause de Christ. Et efforçons-nous, quand nous avons la responsabilité d'organiser une activité ou de mettre en oeuvre un programme, de le faire dans le but pour lequel il ou elle existe.
Sacrifice et consécration
Alors que l'homme naturel brille par son égoïsme, la charité "ne cherche pas son intérêt".
Je ne suis pas en train de dire que vouloir équilibrer sa vie, et trouver du temps pour soi ou sa famille est nécessairement un signe d'égoïsme. Mais dans l'esprit de la loi de consécration, il en est de notre temps et de notre énergie et de notre bonne volonté comme de nos ressources matérielles: la limite entre nos besoins et la part consacrable reflète nos priorités et notre foi. Il n'y a pas de standard par lequel nous comparer les uns aux autres parce que nous voyageons tous selon des parcours différents et que Dieu, qui sait ce qu'Il nous a donné en fait de ressources, bénédictions, talents, capacités, lui seul sera notre juge. C'est à Celui qui nous a confié notre intendance que nous rendrons des comptes. Jésus a cautionné le quart de sou de la pauvre veuve.
Le roi Benjamin l'a parfaitement exprimé:
Et veillez à ce que tout cela se fasse avec sagesse et ordre ; car il n’est pas requis que l’homme coure plus vite qu’il n’a de force. Et en outre, il est nécessaire qu’il soit diligent, afin qu’il remporte ainsi le prix ; c’est pourquoi, tout doit se faire avec ordre. Mosiah 4:27
J'irai même plus loin: si la société post-moderne et décadente met l'accent sur les loisirs et le plaisir sans frein, dans un esprit totalement contreproductif et destructeur (en dehors même du cadre de l'Église, toute société, toute entreprise, toute innovation, tout progrès n'existe que comme le produit du travail), ce n'est pas à dire que le loisir et la détente sont à proscrire absolument: le premier miracle enregistré accompli par Jésus a eu lieu alors qu'il assistait à un festin de mariage. Il a été invité à des banquets par des gens de toutes les strates de la société, de Simon le pharisien à Zachée le publicain, a été l'hôte de Lazare, Marthe et Marie, etc...
Les pionniers dansaient régulièrement sur le chemin de l'exode et Brigham Young, à la tête de la ruche colonisatrice des Montagnes Rocheuses, a encouragé le développement des arts et du théâtre parmi les saints.
Non, ce n'est pas que le loisir n'est pas permis. Mais c'est qu'il y a "un temps pour tout sous les cieux" (Ecclésiaste 3:1-8) et que le loisir ne saurait être une poursuite exclusive ou même principale. Le plaisir et le bonheur sont très aléatoires au cours de cette vie mortelle et dans ce monde déchu. Le Seigneur a prévenu: "C’est pourquoi, ne craignez pas, même pas la mort; car votre joie n’est pas pleine en ce monde, mais elle l’est en moi." (D&A 101:36) Et notre état physique, émotionnel, mental, intellectuel, matériel, n'est pas une limite à l'appel d' oeuvrer dans notre cercle d'influence et aussi loin que notre portée le permet. Je pense à ceux qui ont construit les premiers temples de cette dispensation, qui ont oeuvré en plus de leur travail pour leur subsistance, qui ont oeuvré alors qu'ils étaient blessés, alors qu'ils n'ont pas tous vu l'oeuvre accomplie, mais qui ont donné avec persévérance sinon avec une joie quotidienne. Le contraste avec les jeunes travailleurs qui ne sont pas motivés parce qu'ils veulent voir le fruit de leur travail, avoir un impact, changer le monde, et ne pas compromettre leur bien-être à cause du travail....est pour le moins clair. En effet, oeuvrer dans le royaume ne signifie pas être en permanence porté sur les ailes du Saint-Esprit dans un état de douce béatitude. Alma était déprimé en quittant la ville d'Ammonihah. Néphi a exprimé sa tristesse sur sa tour. Les Trois Disciples ont éprouvé de la tristesse à cause des péchés du monde. Et pour continuer, Paul nous rappelle que:
d’autres subirent les moqueries et le fouet, les chaînes et la prison ;
ils furent lapidés, sciés, torturés, ils moururent tués par l’épée, ils allèrent çà et là vêtus de peaux de brebis et de peaux de chèvres, dénués de tout, persécutés, maltraités,—
eux dont le monde n’était pas digne,—errants dans les déserts et les montagnes, dans les cavernes et les antres de la terre.
Tous ceux-là, à la foi desquels il a été rendu témoignage, n’ont pas obtenu ce qui leur était promis,
Dieu ayant en vue quelque chose de meilleur pour nous, afin qu’ils ne parvinssent pas sans nous à la perfection. Hébreux 11:36-40
Oui, servir le Dieu vrai et vivant a un coût. C'est une notion qui a été répétée au cours des dernières conférences générales. Par exemple, en avril de cette année (2022) Elder Uchdorf a rappelé:
Il sera demandé à très peu d’entre nous de sacrifier leur vie pour le Sauveur. Mais il est demandé à chacun de nous de lui consacrer notre vie.
Mourir est un évènement unique et relativement bref. Mais consacrer sa vie peut durer quelques années. Nous avons une oeuvre à accomplir. Nous devons faire le bien, prêcher l'Evangile, et oeuvrer pour nos morts. Nous sommes des agents libres dans la sphère dans laquelle nous évoluons, et dans le temps disponible.
Tout ce que nous devons décider, c'est que faire du temps qui nous est imparti._Elder Gandalf
Liberté et responsabilité = croissance
Cette idée de "décider que faire du temps imparti" est centrale dans notre affaire, qu'on parle de l'évolution des entreprises, du service dans l'église, ou du plan de salut.
Prenons d'abord une base doctrinale, pour voir comment les entreprises ironiquement cherchent une dimension spirituelle dans l'engagement de leurs employés, et enfin comment l'Eglise de Jésus-Christ encourage dans son fonctionnement le développement de ses membres.
Abraham 3:24-26
Nous descendrons, car il y a de l’espace là-bas, nous prendrons de ces matériaux, et nous ferons une terre sur laquelle ceux-là pourront habiter ;
nous les mettrons ainsi à l'épreuve, pour voir s’ils feront tout ce que le Seigneur, leur Dieu, leur commandera ;
ceux qui gardent leur premier état recevront davantage ; ceux qui ne gardent pas leur premier état n’auront pas de gloire dans le même royaume que ceux qui gardent leur premier état ; et ceux qui gardent leur second état recevront plus de gloire sur leur tête pour toujours et à jamais.
2 Néphi 2:27
C’est pourquoi, les hommes sont libres selon la chair, et tout ce qui est nécessaire à l’homme leur est donné. Et ils sont libres de choisir la liberté et la vie éternelle, par l’intermédiaire du grand Médiateur de tous les hommes, ou de choisir la captivité et la mort, selon la captivité et le pouvoir du diable ; car il cherche à rendre tous les hommes malheureux comme lui.
D&A 58:26-29
Car voici, il n’est pas convenable que je commande en tout, car celui qu’il faut contraindre en tout est un serviteur paresseux et sans sagesse ; c’est pourquoi il ne reçoit pas de récompense.
En vérité, je le dis, les hommes doivent œuvrer avec zèle à une bonne cause, faire beaucoup de choses de leur plein gré et produire beaucoup de justice.
Car ils ont en eux le pouvoir d'agir par eux-mêmes. Et si les hommes font le bien, ils ne perdront en aucune façon leur récompense.
Mais celui qui ne fait rien tant qu’on ne le lui a pas commandé et qui reçoit un commandement le cœur indécis et le garde avec paresse, celui-là est damné.
Le plan de salut est un mariage parfait entre un côté prescriptif, avec des commandements et des ordonnances qui donnent la base, la direction, et le cadre, et une place importante et vitale donnée à l'intention réelle et l'initiative, qui permet le développement. De quoi frustrer à la fois ceux qui voudraient définir la religion comme une liste exhaustive de règles, et ceux qui voudraient s'affranchir totalement de l'autorité de Dieu.
Elsa Godart, philosophe psychananaliste, écrit dans le magazine en ligne Usbek et Rica:
[Pour motiver ses employés] l’entreprise devrait travailler sur le désir de ses collaborateurs. Le plaisir ne dure pas et un plaisir satisfait, laisse place à un autre… c’est sans fin, sans effet. Quant au désir c’est—tout-à-fait autre chose. Le désir ce n’est pas les désirs. Quand on parle du « désir » au singulier, on évoque une raison d’être, cet élan vital qui nous fait nous lever le matin, ce vouloir-vivre qui nous pousse à créer sans compter les heures. Le désir, comme élan vital, comme pulsion de vie, nous amène à œuvrer non par devoir, non par plaisir, non par nécessité, mais par l’amour de l’œuvre. Ne plus travailler, ne plus aller au travail, ne plus se plier aux contraintes, ne plus chercher du sens, mais œuvrer. C’est-à-dire construire, bâtir une œuvre. Or l’œuvre n’existe que si elle est vue [...].
[Il faut] accepter de rendre leur liberté aux oeuvriers : on ne peut créer une œuvre que lorsqu’on est libre ; le désir est pure liberté. Cela implique de rendre les collaborateurs responsables de leur temps et de leur espace, d’accepter que le travail se transforme, que l’on puisse travailler autrement. Autrement ne veut pas dire plus mal. Faire confiance en la capacité des oeuvriers à finir leur œuvre, car elle est portée par un fervent désir.
Il est difficile de ne pas voir de parallèle entre ces préconisations professionnelles pour le monde de l'entreprise qui commencent à faire jour en 2022 et la vision créatrice qui est celle de notre Père Céleste depuis le début, qu'il transmet à ses serviteurs qui font preuve de foi en lui. "Quand il n'y a pas de révélation, le peuple est sans frein" lit-on dans la version Louis Segond de Proverbes 29:18. Dans la version du roi Jacques, il est dit: "Là où il n'y a pas de vision, le peuple périt".
Je pense à Léhi et à Néphi qui ont été inspirés et motivés par la vision qu'ils ont eu de la venue du Christ et de sa mission: "Voici, mon âme met ses délices à prouver à mon peuple la vérité de la venue du Christ" (2 Néphi 11:4). Pourquoi? Parce qu'il en a personnellement appris la valeur grâce à sa foi (1 Néphi 11-14).
Je pense à Alma le Jeune, qui aurait voulu être un ange et "satisfaire le souhait de [son] coeur" et de prêcher à toute la terre, afin que toute âme "se repente et vienne à notre Dieu, et qu'il n'y ait plus de tristesse sur la terre."
Voilà comment la force de conviction de la foi, du témoignage, de la vision, se combine avec l'oeuvre du salut, le travail dans l'Église et les fruits de l'Esprit et le salut.
Je pense aux exclamations de joie de Joseph Smith, alors même qu'il se cachait pour fuir les persécutions, qu'on peut lire dans D&A 128: 19-23.
Et nous?
Et maintenant, voici, je vous le dis, mes frères, si vous avez connu un changement de cœur, et si vous avez ressenti le désir de chanter le cantique de l’amour rédempteur, je vous le demande : pouvez-vous le ressentir maintenant ? _Alma 5:26
Je vous supplie de prendre la responsabilité de votre témoignage de Jésus-Christ et de son Évangile. Travaillez-y. Nourrissez-le afin qu’il grandisse. Alimentez-le de vérité. Ne le polluez pas avec les fausses philosophies d’hommes et de femmes incrédules. En faisant du renforcement continuel de votre témoignage de Jésus-Christ votre priorité absolue, soyez attentifs aux miracles qui se produisent dans votre vie. Russell M. Nelson, oct 2022
C'est en nourrissant notre témoignage et notre vision de l'oeuvre, et du salut, et de l'amour de Dieu que nous trouverons la motivation, l'engagement, et la foi de persévérer et de travailler, non seulement à notre propre salut, mais pour être des instruments entre les mains de Dieu, aussi faibles et inefficaces soyons-nous à nos yeux, pour être magnifiés par le pouvoir de sa grâce et participer à son oeuvre.
Et quand Elsa Godart parle de rendre les collaborateurs d'une entreprise responsables de leur temps et de leur espace, en toute autonomie devant leurs objectifs, je ne peux m'empêcher de penser aux missionnaires à plein temps planifiant leurs activités journalières et hebdomadaires en fonction d'objectifs qu'ils se fixent à l'aide de la prière. Je pense aux paroles du Seigneur disant (voir ci-dessus) que les hommes sont capables d'initiatives et doivent faire usage de leurs ressources spontanément et de leur plein gré pour faire du bien et produire beaucoup de justice. Je pense aux supplications des dirigeants de l'Église, qui incitent les membres de l'Église à être autonomes spirituellement et à rechercher la révélation personnelle dans leur vie, dans leur famille, dans leurs appels. Je pense à Viens et Suis-Moi, mis en oeuvre de façons différentes dans les familles, je pense au Service Pastoral, où nous sommes appelés à servir de manière plus sainte et plus élevée, je pense bien sûr au programme de développement des enfants et des jeunes, où il leur est enseigné que leur progression et leur développement sont leur responsabilité et où ils cherchent à faire grandir leurs capacités de jouir des dons de Dieu à ses enfants, de vivre pleinement, et de contribuer dans la vie, dans la société et dans l'Eglise du Très-Haut. L'Église n'est pas une entreprise; elle est au-dessus de toute organisation créée de main d'homme. Réellement, l'Église de Jésus-Christ est organisée et dirigée par le Sauveur lui-même, qui en est la pierre angulaire.
Je terminerai avec les paroles du prophète Mormon à son fils Moroni, qui font écho aux paroles du prophète Russell M. Nelson:
Néanmoins, mon fils bien-aimé, malgré leur endurcissement, travaillons diligemment ; car si nous cessions de travailler, nous tomberions sous la condamnation ; car nous avons un travail à accomplir pendant que nous sommes dans ce tabernacle d’argile, afin de vaincre l’ennemi de toute justice et de donner du repos à notre âme dans le royaume de Dieu. Moroni 9:6
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