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"Spiritualité" : mais de quoi parle-t-on?

  • Morinehtar
  • 7 janv. 2024
  • 8 min de lecture

Je ne vais pas parler ici de communier avec les arbres. Si vous pensez que "méditer" signifie pratiquer des exercices de respiration, vous allez être déçus. Quand Néphi dit: "Mon coeur médite continuellement les choses que j'ai vues et entendues" (2 Néphi 4:16), il ne parle pas de yoga.


Dans l'Église de Jésus-Christ, on parle couramment d'avoir des "expériences spirituelles", d'acquérir ou d'exercer du "pouvoir spirituel", de "domaine spirituel" pour les axes de développement et les activités des enfants et des jeunes... C'est normal d'en entendre parler, c'est normal de mettre la spiritualité sur la table dans une Église après tout, si elle doit offrir davantage qu'une association à vocation sociale ou humanitaire. Mais trop souvent j'ai eu l'impression que les membres de l'Église ne savaient pas trop de quoi ils parlaient; que pour les jeunes une activité à caractère "spirituel" serait forcément scolaire, intellectuelle, rébarbative_et peut-être cette image s'est-elle développée parce que les adultes qui les encadraient avaient cette vision. Ou encore, jeunes ou vieux qui recherchent un témoignage limitent-ils peut-être la notion d' "expérience spirituelle" à une réponse donnée d'une manière précise et unique à un moment précis et attendu et s'en trouvent déçus.

Pourtant, je constate aussi une amélioration ces dernières années, une amélioration dans la conception de ce que l'on recherche, grâce à la clarté et à l'abondance des media et des enseignements des dirigeants de l'Église, qui poussent les membres à davantage écouter la voix du Fils et en décrivant comment eux l'écoutent, qui parlent de rechercher la révélation, qui promettent le pouvoir de briller dans les ténèbres et de résister aux tentations...


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Car si ce qui est d'ordre "spirituel" relève de l'action, de l'influence, et plus généralement de la relation avec le Saint-Esprit, il est tout aussi vrai et important de comprendre et de se souvenir des rôles du Saint-Esprit, afin de mieux identifier sa présence et son action dans notre vie. Un témoignage après tout est entre autre et notamment la constatation de l'intervention de Dieu. Et si on voit que quand il a rappelé Lazare d'entre les morts, Jésus n'a pas usé du pouvoir divin pour rouler la pierre et défaire ses liens, si on se souvient du témoignage de Néphi que "mon Dieu me donnera, si je ne demande pas mal" (2 Néphi 4 :35), alors je propose de définir une "expérience spirituelle" comme:


une intervention divine dans notre progression personnelle.


Explorons dans une liste non exhaustive comment Dieu intervient par le pouvoir du Saint-Esprit dans nos vies. Pour une étude plus complète, je vous invite à réétudier le chapitre 4 de Prêchez mon Évangile.


Première ouverture d'esprit: le concept de révélation.


Or, voici, c’est là l’Esprit de révélation ; voici, c’est là l’Esprit par lequel Moïse fit traverser aux enfants d’Israël la mer Rouge à pied sec. D&A 8:3

Dans ce verset, le Seigneur enseigne le principe de la révélation à Joseph Smith et Oliver Cowdery. Or, dans l'épisode de la mer Rouge, Dieu ne s'est pas contenté de parler à Moïse pour lui donner une information, il s'est révélé à son peuple, il a révélé son bras puissant pour le sauver.

De même, si nous voulons mieux apprécier le principe de la révélation dans notre vie, et fortifier notre témoignage que oui, les cieux sont ouverts et que nos alliances avec Dieu sont efficaces nous devons en élargir la notion pour mieux appréhender la portée du Don du Saint-Esprit qui est accordé aux hommes et aux femmes qui s'engagent sur le chemin des alliances. NB: dans les exemples qui vont suivre, la notion de révélation pourra se confondre avec celle de grâce divine. Jésus est la Parole qui a été révélée pour notre salut. Parce qu'Il a expié pour nos péchés, la grâce du Christ nous permet de bénéficier du pouvoir du Saint-Esprit malgré notre séparation d'avec Dieu dans ce monde téleste.


Nous vivons des expériences "spirituelles" quand Dieu se révèle à nous, et nous manifeste sa présence, son amour, son pouvoir ou sa volonté. L'esprit humain aime catégoriser les choses pour mieux les identifier, ou les appréhender. Sans délimiter de frontières absolues, je propose pour aujourd'hui de classifier les "révélations" en 3 catégories (non exhaustives). 1) Information


C'est la forme la plus communément mentionnée dans nos conversations. Nous recherchons et reconnaissons la révélation quand le Saint-Esprit nous témoigne de la vérité, nous enseigne ou nous rappelle des enseignements du Sauveur, ou nous oriente dans nos choix.


Le songe de Léhi est un exemple d'un tel enseignement, ainsi que la vision de son fils Néphi, qui désirait le comprendre. Quelle est notre attitude face aux avertissements et aux enseignements des prophètes et apôtres vivants?


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Dans Luc 6:12-13, on lit que Jésus lui-même a passé la nuit à jeûner et à prier alors qu'il s'apprêtait à désigner ses apôtres parmi ses disciples. Croyons-nous toujours qu'un homme doit être appelé de Dieu par prophétie? Nous appuyons-nous sur le roc de la révélation pour magnifier nos appels et établir le royaume?


Le frère de Jared a vu le Seigneur se montrer à lui: à cause de sa foi le Seigneur lui a fait connaître sa nature et beaucoup de choses relatives à ses oeuvres et à son plan. Mahonri Moriancumer n'était pas un surhomme, et avait auparavant failli à son devoir et été châtié parce qu'il ne se souvenait pas d'invoquer le Seigneur. Pourtant il s'est repenti et s'est rapproché du Seigneur à un niveau élevé. Pourquoi pas nous?


Dans 2 Samuel 12:1-14, nous voyons que Dieu révèle sa volonté et son jugement en rappelant ses commandements au roi David par l'intermédiaire du prophète Nathan dans ce qui peut être assimilé à un entretien de prêtrise. De même, nos réunions et nos entretiens dans le cadre de l'Église doivent être des occasions de rechercher et de recevoir la parole et la volonté du Seigneur, et peuvent l'être si nous ne sommes pas de peu de foi.

=> Au-delà de la connaissance intellectuelle, qui est obtenue par l'étude, la connaissance spirituelle est la connaissance qui nous est donnée par le pouvoir du Saint-Esprit selon notre foi. => Le chemin des alliances est la voie par excellence pour cultiver une telle connaissance, puisqu'en le parcourant nous recevons le Don du Saint-Esprit et que nous sommes instruits pendant les ordonnances, notamment celles du temple.


2) Le pardon


Quand connaît-on la bonté et la miséricorde de Dieu, quand reconnaissons-nous le pouvoir salvateur du Christ mieux que dans l'espérance et la paix qui sont associées au pardon de nos péchés? Bien des témoignages sont nés ou ont été boostés lors d'expériences purificatrices. Notons que de telles expériences sont nées d'une grande manifestation de foi de la part de leurs bénéficiaires. Car il faut de la foi pour se repentir, puisque se repentir signifie aller au Christ. Le témoignage d'Enos, le fils de Jacob, qui nous est parvenu concerne la lutte qu'il a menée pour obtenir le pardon de ses péchés, pardon qui l'a mené à consacrer le reste de sa vie à prêcher à son peuple.


Alma le Jeune a vu et entendu un ange l'avertir et le réprimander. Pourtant, c'est en recevant le pardon qu'il a connu la bonté de Dieu et commencé à aspirer à retourner en Sa présence. Pour lui aussi, cette expérience a marqué le début d'un ministère motivé par le désir de voir d'autres âmes "goûter à la joie extrême" du pardon des péchés.


Peut-être qu'une telle joie ne peut être pleinement appréciée que quand notre âme est "affamée" comme Enos, ou qu'elle est tourmentée comme Alma. Le roi Benjamin le formule autrement. Après avoir amené son peuple à rechercher la miséricorde de Dieu, il explicite le fait que son peuple ayant obtenu le pardon est ainsi "parvenu à la connaissance de la gloire de Dieu", a "connu sa bonté et goûté à son amour", et que pour maintenir cette joie il leur faut "conserver le souvenir de [leur] néant". Au passage, cette "connaissance de la gloire de Dieu" peut s'assimiler à un témoignage de la réalisation de l'immortalité et de la vie éternelle de l'homme. En recevant le pardon de nos péchés, nous recevons un témoignage du plan de rédemption.

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Dans Hélaman 5: 40-47, les Lamanites voient du feu et entendent une voix avec leurs sens physiques, mais quand ils prient avec foi et sont "baptisés du Saint-Esprit" et purifiés, ils parviennent à la connaissance de Dieu. Dans Moïse 6:60 nous lisons que "par l'Esprit vous êtes justifiés"; c'est pour cela au passage que le baptême d'eau n'est pas complet sans le baptême de feu. La purification par le Saint-Esprit est absolument une intervention divine dans notre progression personnelle.


Dans une maison de Capernaüm, Jésus a guéri un paralytique pour témoigner de son pouvoir de pardonner les péchés. Il a d'ailleurs commencé par annoncer le pardon au paralytique avant de le guérir physiquement. La guérison physique a permis à cet homme de mener sa vie mortelle à un niveau plus élevé, dans de meilleures conditions. Le pardon de ses péchés l'a amené à se tourner vers le Christ, et nous l'espérons à lui consacrer cette vie nouvelle.


=> Si la mort spirituelle est la séparation d'avec Dieu, notre "santé spirituelle" concerne notre réconciliation avec Lui par la grâce du Médiateur selon notre foi et notre repentir. D'ailleurs, "le pouvoir de la Divinité se manifeste dans [les ordonnances de la prêtrise]" parce qu'à travers les alliances ainsi contractées, nous recevons les promesses du Seigneur, dont notamment celle de recevoir le pardon de nos péchés.


3) Le soutien, le réconfort et la force qui viennent de la grâce du Sauveur


Si la grâce est celle du Christ qui en est la source, elle nous parvient par le pouvoir du Saint-Esprit. Faire l'expérience de la grâce est donc une expérience spirituelle, une intervention divine pour notre progression personnelle. Comme pour le pardon, nous parvenons alors à une connaissance plus personnelle de la réalité du pouvoir de Dieu qui nous est ainsi révélé.


Ce "bonus" peut être physique, comme pour David face à Goliath, Ammon face aux voleurs de bétail, Néphi face à Laman et Lémuel, le peuple d'Alma sous le joug des Lamanites et d'Amulon, Spencer W. Kimball et Neal A. Maxwell face au cancer.


Tous les dons spirituels qui accompagnent l'oeuvre du Seigneur sont des manifestations divines qui renforcent le témoignage et l'engagement de ceux qui éprouvent le désir de servir Dieu et s'embarquent dans le ministère qui leur est confié, que ce soit Joseph Smith traduisant les plaques d'or, un missionnaire prononçant les mots justes pour toucher le coeur d'une personne, un frère ou une soeur de service pastoral se souvenant de prier pour quelqu'un, puis réunissant la volonté et le courage de contacter les personnes pour qui il ou elle a prié, joignant ainsi l'intention réelle à la prière et transformant par là la superstition en foi.


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En parlant de prier, souvenons-nous des disciples néphites qui priaient sans multiplier de paroles, "car ce qu’ils devaient dire dans leur prière leur était donné, et ils étaient remplis de désirs" (3 Néphi 19:24), ce qui est un bon rappel qu'au-delà de la justification, le but du Christ est de nous sanctifier, c'est-à-dire de nous changer jusqu'à nous rendre parfaits en Lui. Nous pouvons vivre l'expérience de voir nos désirs charnels remplacés par des désirs célestes à mesure que nous abandonnons les premiers sur l'autel du sacrifice.


=> Ainsi, la force, ou le pouvoir spirituel inclut mais ne se limite pas à notre capacité à refléter la lumière du Christ notamment en exprimant les fruits de l'Esprit, à oeuvrer inlassablement pour le Seigneur, à surmonter nos épreuves. Jésus a dit: "J'attirerai tous les hommes à moi". Il est notre Maître. En tant que ses disciples, nous devons chercher à accroître notre influence pour le bien.



Je terminerai par un avertissement contre le découragement: en lisant ces exemples tirés des Écritures, on pourrait se dire que notre vie paraît bien morne, banale, sans intervention régulière du Saint-Esprit, en comparaison de celle de David, de Pierre, des fils de Mosiah ou d'un Néphi ou l'autre.

Il ne faut pas oublier que les Écritures ne contiennent pas la centième partie de la vie de toutes les personnes qui y sont mentionnées. Les prophètes ont sélectionnés quelques expériences marquantes, justement spirituelles et qui ont marqué un pivot dans leur vie, pour les intégrer dans leurs annales. Entre chaque révélation des Doctrine et Alliances il se passe parfois des mois ou des années. Le reste du temps, ils ont oeuvré "avec le pouvoir et l'autorité de Dieu" comme vous et moi, avec des hauts et des bas dans leur sensibilité et dans leur fidélité. Et si on nous dit qu'à une certaine époque, les prêtres et les instructeurs néphites "recevaient quotidiennement beaucoup de révélations", c'est aussi ce que le président Nelson nous incite à rechercher. Seulement, nous nous limitons en regardant au-delà du point marqué si nous n'apprenons pas à reconnaître la diversité de dons par lesquels le Seigneur nous montre sa miséricorde.






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