Vitesse de croisière et progression: de l'importance de l'ambition spirituelle dans le plan de salut
- Morinehtar
- 7 févr. 2024
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 23 avr. 2024
"Comment se rappeler de notre besoin de nous repentir, ou comment continuer à nous convertir quand on a fait de l'Evangile une habitude et qu'on a l'impression de déjà vivre les commandements?"
Réponse courte: relisez Mosiah 5, Alma 5, Matthieu 19:20, Matthieu 23, sans oublier Le miracle du pardon de Spencer W. Kimball.
La première fois que j'ai lu le guide de traitement et de guérison de la dépendance, en mission, je me suis vite rendu compte qu'une personne qui suivrait ces étapes de progression se trouverait plus proche de Dieu que je l'étais alors_et que je le suis aujourd'hui encore...

On a tendance à penser que le repentir ne sert qu'aux criminels, ou aux personnes qui ne détiennent pas de recommandation à l'usage du temple. La vérité est que si tous les péchés ne requièrent pas une confession à l'évêque, ils doivent tous être confessés à Dieu et faire l'objet de notre repentir. Rien d'impur ne peut demeurer en présence de Dieu. Or, entrer dans la présence du Seigneur, ce n'est pas simplement lui demander un autographe. Il s'agit de Le connaître, et d'acquérir davantage de lumière et de connaissance.
Ce qui est de Dieu est lumière; et celui qui reçoit la lumière et persévère en Dieu reçoit davantage de lumière ; et cette lumière devient de plus en plus brillante jusqu’au jour parfait. (D&A 50:24) Celui qui garde ses commandements reçoit la vérité et la lumière jusqu’à ce qu’il soit glorifié dans la vérité et connaisse tout. (D&A93:28)
En fait, plus on s'approche de Dieu par le repentir, c'est-à-dire en changeant notre façon de penser, de vivre, plus sa lumière nous permet de discerner les étapes suivantes (et les autres choses dont nous devons nous repentir) pour devenir comme Lui.
Parler d'ambition dans le cadre de l'Évangile peut déclencher des sonnettes d'alarme si on associe le terme à une manifestation d'orgueil. Après tout, Lucifer a chuté après avoir voulu "élever son trône au-dessus des étoiles de Dieu" (2 Néphi 24:13).
Pourtant et c'est là la tragédie de sa chute, l'oeuvre et la gloire de Dieu sont la réalisation de l'immortalité et de la vie éternelle de l'homme.
Je soutiens que viser moins haut n'est pas de la modestie ou de l'humilité, mais bien du mépris pour le sacrifice expiatoire de Jésus-Christ, "car Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son Fils Unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle". Le prix de notre exaltation a été payé, et nous la rejetterions? Pourquoi et pour quoi?

Comment alors définir une ambition "spirituelle" ?
Si on parle de noblesse d'âme, de justice, de caractère et d'attributs divins, considérons les déclarations suivantes:
Voici la grande nouvelle concernant le plan de Dieu : les choses mêmes qui rendront votre vie la meilleure possible dans la condition mortelle sont exactement les mêmes que celles qui la rendront la meilleure possible pendant toute l’éternité ! Aujourd’hui, pour vous aider à vous qualifier pour les riches bénédictions que notre Père céleste a pour vous, je vous invite à prendre l’habitude de « penser de manière céleste ». Penser de manière céleste, c’est avoir l’affection de l’esprit. Le prophète Jacob du Livre de Mormon nous apprend que « l’affection de l’esprit, c’est la vie éternelle ». Russell M. Nelson, Pensez de manière céleste!
Et cette même sociabilité qui existe parmi nous ici existera parmi nous là-bas, seulement elle sera accompagnée de gloire éternelle, gloire dont nous ne bénéficions pas maintenant. D&A 130:2
La parole prophétique plus certaine signifie le fait de savoir qu’on est scellé pour la vie éternelle, par révélation et par l’esprit de prophétie, par le pouvoir de la Sainte Prêtrise. D&A 131:5
Quel que soit le degré d'intelligence que nous atteignions dans cette vie, il se lèvera avec nous dans la résurrection. Et si, par sa diligence et son obéissance, une personne acquiert dans cette vie plus de connaissance et d’intelligence qu’une autre, elle en sera avantagée d’autant dans le monde à venir. D&A 130:18-19
Ce que je comprends de ces enseignements, c'est que s'il est clair que nous n'atteindrons pas la perfection au cours de notre vie mortelle, il est tout à fait possible d'atteindre un degré élevé de progression. L'éternité, par définition, a déjà commencé, et nous péchons en procrastinant notre repentir, en nous considérant satisfaits d'avoir atteint un seuil ou un autre, et en ne cherchant pas davantage à connaître notre Dieu, et celui qu'Il a envoyé, Jésus-Christ. D'une manière ou d'une autre, à un degré ou à un autre, nous nous condamnons en cédant à l'homme naturel, qui est orgueilleux, paresseux, égoïste, vaniteux et myope.
Je ne suis pas en train de dire qu'il existe un seuil minimum de progression à atteindre pour être sauvé. Mais que ce soit à notre mort ou à la Seconde Venue, nous devons être pris en train de progresser. Il est intéressant que D&A 130:19 (cité plus haut) précise que ce qui fait la différence, c'est la diligence et l'obéissance, et non pas les circonstances et les opportunités. Le Sauveur a enseigné ce principe dans les paraboles des mines et des talents: le maître de ces paraboles n'a pas donné la même quantité de ressources à tous ses serviteurs, pourtant il attendait de tous qu'ils fassent fructifier ce qui leur avait été confié. Et il a autant loué le serviteur ayant reçu moins de ressources mais les ayant fait fructifié que celui qui en avait reçu le plus dès le départ. Et s'il a maudit le serviteur ayant peu reçu pour n'avoir pas fait fructifier ce qui lui avait été confié, imaginez le jugement d'un serviteur ayant reçu beaucoup et l'ayant caché dans la terre. La glorieuse conclusion de la parabole des talents n'est pas sans rappeler le principe de la lumière croissante jusqu'au jour parfait, rappelé plus haut: "C’est bien, bon et fidèle serviteur ; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup." Alma 13 renforce encore les notions 1) d'éternité déjà commencée, en établissant un rapport de cause à conséquence entre la fidélité dans la vie prémortelle et les responsabilités de la prêtrise qui continuent dans cette vie et 2) de progression volontaire, déterminée par la foi et le repentir.
NB: Attention, faisons bien la différence entre le principe de progression ici discuté, et ce qui pourrait à tort être interprété comme un critère de jugement, par exemple: "un office ou une position dans l'Église est le reflet de la justice d'une personne". Si nous croyons effectivement à la réalité de la préordination et à la nécessité de la dignité dans le service de Dieu, nous savons qu'il est "possible que l’homme déchoie de la grâce et se détourne du Dieu vivant" (D&A 20:32) et "nous avons appris par triste expérience qu’il est de la nature et des dispositions de presque tous les hommes de commencer à exercer une domination injuste aussitôt qu’ils reçoivent un peu d’autorité ou qu’ils croient en avoir" (D&A 121:39). Et c'est complètement cohérent avec ce que je disais quand je mettais en garde contre la tentation de se satisfaire d'un niveau de progression au point d'arrêter de la poursuivre. On commence à chuter quand on arrête de s'élever.
Mais, enfin, s'élever vers où? Quelle ambition entretenir, quels objectifs poursuivre?
(Suite à venir)





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