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Le respect et l'offense. La tolérance et la fermeté dans le ministère.

  • Morinehtar
  • 19 avr. 2023
  • 19 min de lecture

Dernière mise à jour : 25 févr. 2024

Tout cet article pourrait se résumer dans la citation suivante:

La manière dont nous réagissons à toute situation doit améliorer les choses et non les envenimer. Nous ne pouvons pas agir ou réagir de manière à être coupable d’une plus grande offense que [celle des autres] . Cela ne signifie pas que nous n’avons pas d’opinions, que nous n’avons pas de principes, que d’une manière ou d’une autre, nous méprisons les commandements divins, les « Tu feras » et « Tu ne feras pas » de la vie. Mais cela signifie que nous devons vivre ces principes et défendre ces « Tu feras » et « Tu ne feras pas » d’une manière juste, au mieux de nos capacités, de la manière dont le Sauveur les a appliqués et défendus. Et il a toujours fait ce qu’il fallait pour améliorer la situation : en enseignant la vérité, en pardonnant aux pécheurs, en purifiant le temple. Ce n’est pas un petit don que de savoir comment faire cela de la bonne manière !
Elder Jeffrey R. Holland, Israël ton Dieu t'appelle, veillée pour JAS, 2012.

Jésus a tellement censuré les pharisiens hypocrites qui condamnaient systématiquement ceux qui n'obéissaient pas exactement à leurs traditions, et a tant contrasté par sa démarche d'aller vers les pécheurs qui étaient rejetés de la société, que bien souvent l'image qui est gardée de lui est celle d'une tolérance inconditionnelle, de la fin de la "loi", et d'un triomphe de la miséricorde sur la justice.

Un raisonnement dérivant de cette vision tronquée pourrait être le suivant: si Jésus ne condamne pas, c'est qu'il n'y a pas de faute. Il n'y a pas de faute parce que par son sacrifice Jésus a terminé la loi. Il n'y a donc pas de loi à laquelle opposer les divers comportements existant dans la société, et nous devons accepter les différences parce qu'il n'y a pas de mal en elles.

Un autre raisonnement mêlant le vrai et le faux est que par son sacrifice Jésus a racheté l'humanité de ses péchés, et donc qu'ayant acquis par son sang le pouvoir de pardonner, nous sommes libres des conséquences du péché. Ces manières de penser sont courantes aujourd'hui, mais l'étaient aussi dans les temps anciens, et les Écritures contiennent les avertissements des prophètes et des apôtres contre ces distorsions de la doctrine, ou les malentendus concernant le plan de Dieu:


Que dirons-nous donc ? Demeurerions-nous dans le péché, afin que la grâce abonde ?Loin de là ! Nous qui sommes morts au péché, comment vivrions-nous encore dans le péché ? _ Romains 6:1-2

Et maintenant, il n’y avait aucun moyen de racheter les hommes de cet état déchu que l’homme s’était attiré à cause de sa désobéissance ;
c’est pourquoi, selon la justice, le plan de la rédemption ne pouvait pas être réalisé, si ce n’est à condition que les hommes se repentent dans cet état probatoire, oui, cet état préparatoire ; car sans cette condition, la miséricorde ne pouvait prendre effet, sous peine de détruire l’œuvre de la justice. Or, l’œuvre de la justice ne pouvait être détruite ; si oui, Dieu cesserait d’être Dieu.
Et ainsi, nous voyons que toute l’humanité était déchue, et qu’elle était sous l’emprise de la justice ; oui, la justice de Dieu, qui la condamnait à jamais à être retranchée de sa présence.
Et maintenant, le plan de la miséricorde ne pouvait être réalisé que si une expiation était faite ; c’est pourquoi Dieu lui-même expie les péchés du monde, pour réaliser le plan de la miséricorde, pour apaiser les exigences de la justice, afin que Dieu soit un Dieu parfait et juste, et aussi un Dieu miséricordieux. _ Alma 42:12-15

Le fait même qu'il ait fallu un Médiateur montre que la miséricorde n'annule pas les exigences de la justice mais offre la possibilité d'une rédemption, ce qui n'a rien à voir avec l'idée de s'en tirer à bon compte. Le Christ a dit à Joseph Smith et à Martin Harris:

Car voici, moi, Dieu, j’ai souffert ces choses pour tous afin qu’ils ne souffrent pas s’ils se repentent.
Mais s’ils ne se repentent pas, ils doivent souffrir tout comme moi. D&A 19:16-17

Ne soyons pas comme Corianton, le fils rebelle d'Alma, qui essayait de se justifier et de croire qu'il était injuste que Dieu punisse le pécheur.

Le mensonge ne peut changer la vérité. Il peut la cacher, pour un temps. Mais il ne peut pas modifier la réalité des implications de la vérité. Le bien et le mal existent, et ont des conséquences. La loi de la restauration rendra le bien au bien, et le mal au mal. (Alma 41)

Le but de l'Expiation de Jésus-Christ n'est pas simplement de nous purifier de nos péchés. Dans la section 20 des Doctrine et Alliances, on trouve le témoignage suivant aux versets 30-31:

Et nous savons que la justification par la grâce de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ est juste et véritable.
Et nous savons aussi que la sanctification par la grâce de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ est juste et véritable pour tous ceux qui aiment et servent Dieu de tout leur pouvoir, de tout leur esprit et de toutes leurs forces.

Or, voici les définitions du Guide des Écritures pour la justification d'une part, et la sanctification d'autre part:

Justification: Se voir exempté du châtiment pour le péché et être déclaré innocent. On est justifié par la grâce du Sauveur en ayant foi en lui. Cette foi se manifeste par le repentir et l’obéissance aux lois et aux ordonnances de l’Évangile. L’expiation de Jésus-Christ permet à l’humanité de se repentir et d’être justifiée ou exemptée du châtiment qu’elle subirait dans le cas contraire.


Sanctification: Processus par lequel on se libère du péché et devient pur et saint par l’expiation de Jésus-Christ.


Le but de l'Expiation de Jésus-Christ, comme expliqué clairement par Brad Wilcox dans son discours "His grace is sufficient", (dont on peut trouver une traduction française sur le site fr.christ.org), est non seulement de nous ramener en présence de Dieu par la résurrection, mais aussi de nous aider à changer, de nous transformer en cristallisant notre repentir et en changeant notre coeur, faisant de nous de nouvelles créatures, de sorte que nous pourrons être capable de supporter la gloire de Dieu, et que nos désirs et ambitions, alignés avec les siens, nous ferons éprouver de la joie en sa présence. Autrement, nous n'aurons aucune envie de rester près de lui et nous nous chasserons nous-mêmes.

Voici un extrait de ce grand classique:

Elder Bruce C. Hafen a écrit : “Le grand Médiateur nous demande de nous repentir non pas parce que nous devons le ‘rembourser’ en échange d’avoir payé notre dette envers la justice, mais parce que le repentir initie un processus de développement qui, avec l’aide du Sauveur, nous guide le long du chemin pour devenir une personne sainte” (The Broken Heart [Salt Lake City: Deseret Book, 1989], 149; italiques dans la version d’origine).
Elder Dallin H. Oaks a dit, se référant à l’explication du Président Spencer W. Kimball : “Le pécheur repentant doit souffrir pour ses péchés, mais cette souffrance a un objectif différent que la punition ou le remboursement. Cet objectif c’est le changement” (À la manière du Seigneur, [Salt Lake City: Deseret Book, 1991], 223; italiques dans la version d’origine). Reformulons cela en utilisant notre analogie : l’enfant doit s’exercer au piano, mais cet exercice à un objectif différent que la punition ou le remboursement. Son objectif est le changement.
J’ai des amis chrétiens évangéliques qui me disent : “Vous, les Mormons, vous essayez de gagner votre place au paradis.”
Je leur réponds : “Non, nous ne gagnons pas notre place au paradis. Nous apprenons ce qu’est le paradis. Nous nous préparons pour cela (voir D&A 78:7). Nous nous exerçons pour cela.”
Ils me demandent : “As-tu été sauvé par la grâce?”
Je réponds : “Oui. Absolument, entièrement, complètement, heureusement — oui!”
Ensuite je leur pose une question qu’ils n’ont peut-être pas complètement prise en considération : “Avez-vous été changés par la grâce?” Ils sont tellement contents d’être sauvés qu’ils ne pensent pas suffisamment à ce qui vient après. Ils sont tellement contents que la dette soit payée qu’il se peut qu’ils n’aient pas pris en considération la raison pour laquelle la dette existait au départ. Les saints des derniers jours savent non seulement de quoi Jésus nous a sauvé mais aussi la raison pour laquelle Il nous a sauvé. Comme mon ami Brett Sanders le dit : “Une vie influencée par la grâce finit par commencer à ressembler à la vie du Christ.” Comme mon ami Omar Canals le dit : “Alors que beaucoup de Chrétiens considèrent la souffrance du Christ comme juste une immense faveur qu’Il nous a faite, les saints des derniers jours reconnaissent aussi que c’est un énorme investissement qu’Il a fait en nous.” Comme Moroni le dit, la grâce ce n’est pas juste d’être sauvé. Cela consiste aussi à devenir comme le Sauveur (voir Moroni 7:48).
Le miracle de l’Expiation n’est pas uniquement de pouvoir vivre après la mort mais de pouvoir vivre plus abondamment (voir Jean 10:10). Le miracle de l’Expiation n’est pas uniquement de pouvoir être lavés de nos péchés et consolés mais de pouvoir être transformés (voir Romains 8). Les Écritures expliquent clairement que rien d’impur ne peut entrer en présence de Dieu (voir Alma 40:26), mais, Frères et Soeurs, rien qui ne soit changé ne le souhaitera. Brad Wilcox

Il y a des enjeux réels, et des conséquences éternelles aux choix que nous faisons au cours de notre vie.

J'ai décidé d'écrire cet article en analysant mes sentiments quand en présence d'amis et de connaissances qui se sont éloignés de l'Église je fais attention à ne pas entrer en confrontation avec eux sur des points potentiellement sensibles: en général, si je les vois, ce n'est pas dans le but de me disputer avec eux. Pourtant, je ne suis pas toujours à l'aise dans le fait de vouloir les "ménager".


Elder Holland a expliqué:

Satan ne peut pas ôter directement la vie à quelqu’un. C’est l’une des nombreuses choses qu’il ne peut pas faire. Mais apparemment ses efforts pour faire arrêter l’œuvre seront raisonnablement bien servis s’il peut juste lier la langue des fidèles. Mes frères, si c’est le cas, ce soir je recherche des hommes jeunes et vieux qui se préoccupent suffisamment de la bataille entre le bien et le mal pour s’enrôler et ouvrir la bouche. [...] Je demande à chaque homme, jeune ou vieux, qui détient la prêtrise, d’être une voix plus forte et plus dévouée à l’Évangile, pas seulement contre le mal et celui qui en est la personnification, mais une voix qui parle pour le bien, pour l’Évangile, pour Dieu. Frères de tous âges, déliez votre langue et regardez vos paroles faire des merveilles dans la vie de gens « qui ne sont empêchés d’accéder à la vérité que parce qu’ils ne savent pas où la trouver. » Nous voici tous enrôlés, conférence générale, Oct 2011.

Ce que j'essaye de dire, c'est qu'on ne peut pas capituler face à la pression au nom du respect et de la tolérance, qui ainsi dénaturés ne sont plus des vertus mais une forme d'idolâtrie. Nous ne pouvons pas "craindre l'homme plus que Dieu". Le Seigneur a fait des promesses à ce sujet:

Et voici, combien de fois n’as-tu pas transgressé les commandements et les lois de Dieu et ne t’es-tu pas laissé influencer par les persuasions des hommes ?
Car voici, tu n’aurais pas dû craindre l’homme plus que Dieu. Bien que les hommes méprisent les recommandations de Dieu et dédaignent ses paroles,
tu aurais cependant dû être fidèle ; il aurait étendu le bras et t’aurait soutenu contre tous les traits enflammés de l'adversaire ; et il aurait été avec toi dans tous les moments difficiles. D&A 3: 6-8

Alors, que signifient les exhortations des dirigeants de l'Église, qui à chaque conférence nous demandent d'aimer, de partager, et d'inviter, avec du respect et de la gentillesse? Comment réconcilier la nécessité d'annoncer, de dire, d'affirmer la parole, en sachant que "la vérité est dure pour les méchants" avec la nécessité de le faire sans agressivité? Comment user "de hardiesse, mais pas d'arrogance" (Alma 38:12) ?

Il est vrai que si la parole peut être douce, et a le pouvoir de guérir l'âme blessée, elle est aussi vive et tranchante, et sépare les os et la moelle. Les fruits de l'amour, de la paix, et de la joie ne se récoltent-ils pas après avoir fait preuve de foi et de patience? Dans un monde où l'idée et le fait de se faire violence est à contre courant, comment une personne doit-elle entendre l'invitation du Sauveur à venir à Lui?

Tout d'abord, je pense qu'il est essentiel de différencier l'émission de la réception. On ne contrôle pas la manière dont les gens interprètent nos paroles, et nous en soucier est contre-productif pour au moins deux raisons:

1) C'est flirter avec l'orgueil de se vouloir personnellement bien perçu, et la porte ouverte à la manipulation, d'un côté comme de l'autre. Si nous en venons à chercher à plaire, il deviendra vite difficile de prendre le risque de contrarier les personnes, et au contraire il deviendra facile de compromettre notre mandat d'être les témoins de Dieu en tous temps et en toutes choses.

2) User d'artifices détourne l'attention du fond et de la simplicité du message, et manifeste notre volonté de prendre le contrôle de l'oeuvre dont nous ne sommes que des participants. En effet, l'oeuvre étant celle de Dieu, il nous faut le prendre en compte et compter sur lui. C'est faire preuve de foi dans sa parole, dans son pouvoir, dans ses promesses:

Mais je vous donne le commandement d’annoncer en mon nom tout ce que vous annoncerez, en solennité de cœur, dans l’esprit d'humilité en toutes choses,
et je vous fais la promesse que si vous faites cela, le Saint-Esprit sera déversé pour rendre témoignage de toutes les choses que vous direz. D&A 100: 6-7

On remarque cette exhortation à annoncer la parole "dans l'esprit d'humilité" qui fait écho au conseil d'Alma de ne pas nous montrer arrogants. Car si nous sommes appelés à témoigner avec clarté, si sommes appelés à aimer, partager, inviter, nous ne pouvons pas en arriver à persécuter ceux qui choisissent de ne pas croire, comme les Néphites qui ont amené Alma le Jeune à démissionner du gouvernement pour pouvoir leur prêcher: "Car ils voyaient et observaient avec une grande tristesse que ceux du peuple de l’Église [...] commençaient à persécuter ceux qui ne croyaient pas selon leur bon plaisir." (Alma 4:8) C'est là, je pense, le point crucial. La différence entre l'orgueil et l'humilité est ce qui va faire de nous des serviteurs de Dieu, des disciples du Christ, ou pas. On l'identifiera à nos motivations profondes: sommes-nous tournés vers l'intérieur, vers notre gratification temporelle personnelle, ou vers l'extérieur, vers Dieu et son plan, et vers ses enfants et leur bien-être? C'est la différence entre Elder Corianton, à qui son père et dirigeant missionnaire reproche d'avoir "continué à se vanter de sa force et de sa sagesse" (Alma 39:2) et le capitaine Moroni, qui était un homme "d'une compréhension parfaite" et "qui travaillait énormément au bien-être de son peuple" (Alma 48:11-18). Dans cette "compréhension parfaite", j'inclurais la conscience de sa place et de sa dépendance vis-à-vis de Dieu, et en même temps la vision de la valeur et de la portée de l'oeuvre qui lui est confiée, accompagnés de l'amour pour le Sauveur et pour son peuple. C'est alors que la "responsabilité" d'être témoin de Dieu n'est plus une "tâche" ou un devoir, mais un désir et une aspiration internes, nés de la connaissance de la bonté de Dieu (on se souvient du fruit de l'arbre de vie, ou de la motivation des fils de Mosiah à prêcher l'Evangile aux Lamanites).

Il est évident que le contexte influence notre approche, et qu'on ne parlera pas de la même manière au pupitre, sur le mur de la ville avec Samuel le Lamanite, dans une visite de service pastoral, ou lors d'un repas de famille. La méthode "un par un" du Seigneur nous permet de discerner les besoins individuels et d'être plus spécifiques dans nos encouragements et nos invitations.

Mais ne perdons pas courage si même en étant humbles et sincères nos intentions ne sont pas comprises. Considérons les passages suivants:


En privé:

Et je crains et tremble extrêmement à cause de vous, de peur qu’il ne souffre encore : car voici, vous l’avez accusé de chercher pouvoir et autorité sur vous ; mais je sais qu’il n’a cherché ni pouvoir ni autorité sur vous, mais il a cherché la gloire de Dieu et votre propre bien-être éternel.
Et vous avez murmuré parce qu’il a été clair avec vous. Vous dites qu’il a fait usage de rigueur ; vous dites qu’il a été en colère contre vous ; mais voici, sa rigueur était la rigueur de la puissance de la parole de Dieu qui était en lui ; et ce que vous appelez colère était la vérité selon ce qui est en Dieu, qu’il ne pouvait pas réprimer, dénonçant hardiment vos iniquités. 2 Néphi 1 : 25-26

En public:

Voici, je travaille continuellement avec eux ; et lorsque je dis la parole de Dieu avec rigueur, ils tremblent et sont en colère contre moi ; et lorsque je n’utilise pas de rigueur, ils s’endurcissent le cœur contre elle ; c’est pourquoi, je crains que l’Esprit du Seigneur n’ait cessé de lutter avec eux. Moroni 9:4

Le prophète et deux autres apôtres ont insisté au début du mois sur la nécessité d'être des artisans de paix et de ne pas cultiver l'esprit de contention. Si conflit il y a, il ne doit pas être généré par nous.


La citation du début de cet article rappelle que pendant son ministère, le Christ a géré diverses situations de manières différentes sans jamais compromettre sa mission; mais dans le but d'aider à améliorer les situations il s'est adapté à la capacité de comprendre et à la disposition de coeur de ceux qu'il servait. Avec l'allégorie de l'olivier le prophète Zénos rappelle qu'il y a un moment pour tailler et bêcher alentour, un moment pour nourrir, et un moment pour récolter. Nous ne devons pas négliger que le soin, l'amour donnés font partie intégrante de l'oeuvre à laquelle nous sommes appelés. Nous ne pouvons pas manquer de patience en voulant satisfaire des objectifs inappropriés et au final produire des fruits amers parce que nous avons regardé au-delà ou en-deça du point marqué. Notre but est d'aider les autres à aller au Christ, où qu'ils soient au moment présent, où qu'ils en soient sur leur parcours. Nous devons chercher à améliorer la situation, ce qui ne veut pas dire pousser les autres à la perfection immédiate, et encore moins notre compréhension limitée de la perfection. Nous ne sommes pas Jésus, mais il nous a accordé le Don du Saint-Esprit. Que signifie suivre l'Esprit? "Ce que vous devrez dire vous sera donné à l'heure même". Mais encore? "La foi, l'espérance, la charité et l'amour, l'oeil fixé uniquement sur la gloire de Dieu, le qualifient pour l’œuvre".


Pour tirer et manier l'épée de l'Esprit, qui est ancrée dans la doctrine du Christ, il faut que notre coeur soit converti et entièrement dédié à la doctrine du Christ.


Le Saint-Esprit n'est pas un outil que nous avons le loisir d'utiliser, ce n'est pas une boule de feu que nous lançons sur les gens. C'est un membre de la Divinité, parfaitement uni en buts avec le Père et le Fils; comme Eux il est entièrement consacré à la réalisation du plan de salut en invitant tous les enfants de Dieu à aller au Christ.

Il joue son rôle parfaitement, il fait bien son travail. Il nous invite à oeuvrer en partenariat avec lui pour amener le salut aux Hommes. Comme le Saint-Esprit ne s'écarte jamais de son objectif, nous ne pouvons oeuvrer harmonieusement avec lui que si nous restons concentrés sur ce même objectif.


Chaque fois que vous faites quoi que ce soit qui aide qui que ce soit, d’un côté ou de l’autre du voile, à faire un pas vers les alliances avec Dieu et à recevoir ses ordonnances essentielles du baptême et du temple, vous aidez à rassembler Israël. C’est aussi simple que cela (Russell M. Nelson, « Ô vaillants guerriers d’Israël » réunion spirituelle mondiale, 3 juin 2018, broadcasts.lds.org)

Un pas n'est peut-être pas l'arrivée à un jalon espéré ou reconnu ou visible. Mais c'est justement le rôle des parents, des dirigeants, des frères, des soeurs, d'apprendre à voir et à reconnaître et à accompagner et à encourager les enfants de Dieu à avancer, pas à pas. Elder Bednar a enseigné, au sujet de l'art de diriger: "Les personnes qui nous connaissent le mieux et nous aiment le plus verront les changements. [...] C'est l'évolution, c'est le développement, c'est la croissance, c'est le changement au fil du temps. Ce n'est pas le comportement que l'on peut voir, mais plutôt un développement, une maturité spirituelle, que d'autres, qui nous connaissent, pourront constater."


Que signifie aller au Christ?


Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos.
Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de cœur ; et vous trouverez du repos pour vos âmes.
Car mon joug est doux et mon fardeau léger. Matthieu 11:28-30

Recevoir est clairement ici un verbe d'action. Cette notion est renforcée dans D&A 50:17-20.

En vérité, je vous le dis, celui qui est ordonné par moi et envoyé prêcher la parole de vérité par le Consolateur, selon l’Esprit de vérité, prêche-t-il par l'Esprit de vérité ou d’une autre façon ?
Si c’est d’une autre façon, ce n’est pas de Dieu.
Et de plus, celui qui reçoit la parole de vérité, la reçoit-il par l’Esprit de vérité ou d’une autre façon ?
Si c’est d’une autre façon, ce n’est pas de Dieu. D&A 50:17-20

Ce qui nous amène à la doctrine de fond du sujet qui nous occupe: le libre arbitre. Oui, c'est en effet au nom du "libre arbitre" que rebelles jeunes et vieux murmurent, grincent des dents contre les prédicateurs de justice. Combien de parents se disent-ils impuissants devant les revendications de "libre arbitre" de leurs enfants! Et ô combien ça m'agace! Pourquoi ça m'agace? Parce que c'est donner foi à une conception erronée du libre arbitre, de ce qu'il est et de ce pour quoi il a été donné.

Qu'est-ce que le libre arbitre? La possibilité de faire ce que l'on veut? Le droit de refuser de suivre le Christ, et de "[choisir] aujourd'hui qui [nous voulons] servir"?

Commençons avec Elder Renlund:

En tant que parent, le but de notre Père céleste n’est pas que ses enfants fassent ce qui est juste, mais qu’ils choisissent de faire ce qui est juste et deviennent un jour comme lui. S’il voulait simplement que nous soyons obéissants, il se servirait de récompenses et de punitions pour influer sur notre comportement.
Mais Dieu ne désire pas que ses enfants deviennent des « animaux de compagnie » bien dressés et obéissants qui ne mordilleront pas ses pantoufles dans le salon céleste. Non, Dieu veut que ses enfants grandissent spirituellement et se joignent à lui dans l’entreprise familiale.
Dieu a établi un plan par lequel nous pouvons devenir héritiers dans son royaume, un chemin d’alliances qui nous amène à devenir comme lui, à avoir le genre de vie qu’il a et à vivre en famille en sa présence pour toujours. Le choix personnel a été et est essentiel à ce plan dont nous avons pris connaissance dans l’existence prémortelle. Nous l’avons accepté et avons choisi de venir sur la terre.
Pour garantir que nous exercerions notre foi et utiliserions notre libre arbitre correctement, un voile d’oubli a été abaissé sur notre esprit afin que nous ne nous souvenions plus du plan de Dieu. Sans ce voile, les desseins de Dieu ne pourraient se réaliser, car nous ne pourrions progresser et devenir les héritiers dignes de confiance qu’il désire que nous soyons.

En anglais, le terme "libre arbitre" se dit "agency", qui est ce qui fait un "agent", ou en d'autres termes, un acteur, soit quelqu'un qui agit par lui-même. Elder Bednar rappelle souvent que Léhi a décrit la création de choses qui se meuvent, et de choses qui sont mues, soit d'agents et d'objets. Enfants de Dieu, nous sommes dotés du libre arbitre parce que Dieu a voulu que nous soyons des agents. Mais le plan de Dieu est de nous exalter; il nous a donné le libre arbitre avec un mode d'emploi, le libre arbitre nous est donné pour que nous choisissions le bien. Nous ne pouvons être exaltés qu'en choisissant de l'être, qu'en le voulant plus que toute autre chose. Nous ne pouvions pas être exaltés sans l'avoir choisi, alors Dieu a conçu un plan et nous a envoyés sur terre pour que nous apprenions à choisir le bien. Un mauvais usage de notre libre arbitre ne mène nulle part.

Elder Bednar va plus loin, en expliquant qu'en contractant des alliances, et notamment l'alliance du baptême, notre libre arbitre est élargi dans le sens où nous n'agissons plus uniquement en tant qu'individus, mais en tant que représentants du Christ dont nous avons pris le nom. Ainsi, outre le fait qu'enfreindre des alliances a des conséquences, le fait de consciemment choisir le bien et de marcher sur le chemin des alliances, entre autres pour honorer cette représentation, est ce qui constitue notre autonomie spirituelle.

Il n'y a pas besoin de se rebeller pour manifester notre capacité de choisir. Au contraire, notre autonomie et notre liberté augmentent avec la connaissance et la lumière acquises par notre obéissance.

En attendant, si le libre arbitre ne justifie pas la désobéissance, il la rend possible. Et comme il est contraire à l'ordre de la prêtrise d'exercer une contrainte sur l'âme des enfants des hommes, c'est par la persuasion et l'amour que les serviteurs de Dieu doivent oeuvrer et servir (D&A 121: 41). En effet, la manière dont fonctionne le libre arbitre est que les Hommes sont amenés à faire des choix en fonction de leur discernement, et de ce qui les attire.

Et lorsqu’il eut créé nos premiers parents, et les bêtes des champs, et les oiseaux du ciel, en bref, toutes les choses qui sont créées, il fallut nécessairement, pour accomplir ses desseins éternels à l’égard de la destinée finale de l’homme, qu’il y eût une opposition, le fruit défendu par opposition à l'arbre de vie, l’un étant doux et l’autre amer.
C’est pourquoi, le Seigneur Dieu donna à l’homme d'agir par lui-même. C’est pourquoi, l’homme ne pourrait agir par lui-même s’il n’était attiré par l’attrait de l’un ou de l’autre. 2 Néphi 2: 15-16

On retrouve cette notion d'attirance au centre de la doctrine du Christ:

Et mon Père m’a envoyé pour que je sois élevé sur la croix; et qu’après avoir été élevé sur la croix, j'attire tous les hommes à moi, afin que, comme j’ai été élevé par les hommes, de même les hommes soient élevés par le Père, pour se tenir devant moi, pour être jugé selon leurs œuvres, qu’elles soient bonnes ou qu’elles soient mauvaises —
et c’est pour cela que j’ai été élevé ; c’est pourquoi, selon le pouvoir du Père, j’attirerai tous les hommes à moi, afin qu’ils soient jugés selon leurs œuvres. 3 Néphi 27: 14-15

Nous pouvons donc voir que pour faire fonctionner le libre arbitre dans le cadre du plan du salut, les hommes sont placés devant un choix à effectuer entre la désobéissance (le fruit défendu) et l'arbre de vie, qui est une représentation de l'amour de Dieu, manifesté dans le sacrifice de Jésus-Christ, amour par lequel Il attire les hommes à Lui. Ainsi nous voyons qu'il n'y a pas d'autre moyen d'oeuvrer en son nom qu'en montrant de l'amour, parfois en nous sacrifiant quoique d'une manière différente.


Enfin, il me semble important de distinguer persuasion et manipulation.

La version courte serait de dire que la manipulation sert les intérêts du manipulateur et la persuasion ouvre les yeux sur la lumière du Christ.

Comment arriver à ne pas tomber dans la manipulation? La réponse est la foi. Après tout, on se qualifie en ayant les yeux fixés sur la gloire de Dieu et non la nôtre. De plus, il s'agit d'avoir foi en la doctrine: tous les enfants de Dieu ont accès à la lumière du Christ, et sont capables de la reconnaître, et de la choisir. Il s'agit d'avoir foi dans le plan et la miséricorde de Dieu, dans l'Expiation de Jésus-Christ et dans le pouvoir de sa grâce: tout le bien semé portera des fruits tôt ou tard; le Berger connaît ses brebis et saura les trouver dans les tréfonds de leur âme, où qu'elles soient et quelle que soit notre propre impuissance. "C'est par la grâce que nous sommes sauvés, après tout ce que nous pouvons faire".

Nous devons donc tout faire, et compter sur la grâce, non seulement pour notre propre salut, mais aussi en l'occurrence pour la rédemption de ceux qui ne connaissent pas Dieu et sa bonté (considérant qu'une compréhension correcte de la nature, du caractère et des attributs de Dieu sont nécessaires pour qu'une personne puisse exercer le genre de foi en lui qui lui permette de jouir de la vie et de la gloire éternelles_voir Lectures on faith).



En conclusion, cet extrait de Jean 6:

60 Plusieurs de ses disciples, après l’avoir entendu, dirent : Cette parole est dure ; qui peut l’écouter ?
61 Jésus, sachant en lui-même que ses disciples murmuraient à ce sujet, leur dit : Cela vous scandalise-t-il ?
66 Dès ce moment, plusieurs de ses disciples se retirèrent, et ils n’allaient plus avec lui.
67 Jésus donc dit aux douze : Et vous, ne voulez-vous pas aussi vous en aller ?
68 Simon Pierre lui répondit : Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle.
69 Et nous avons cru et nous avons connu que tu es le Christ, le Saint de Dieu.

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