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Lois de Dieu et lois des hommes: jusqu'où doit-on respecter, honorer et défendre la loi?

  • Morinehtar
  • 21 juin 2022
  • 16 min de lecture

Dernière mise à jour : 28 juin 2022



La notion que les saints/chrétiens/disciples de Jésus-Christ doivent obéir aux lois du pays dans lequel ils vivent est communément acceptée dans l'Eglise de Jésus-Christ.

Récemment, un exemple marquant a été la fermeture des temples à travers le monde pendant la pandémie du Covid-19, que les dirigeants de l'Eglise ont expliquée comme étant un effort de bonne volonté pour être de bons citoyens.


Cette attitude non subversive de l'Eglise de Jésus-Christ trouve son origine dans plusieurs passages des Écritures abondamment cités quand la question est posée.


Romains 13: 1-7

Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures ; car il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu, et les autorités qui existent ont été instituées de Dieu. C’est pourquoi celui qui s’oppose à l’autorité résiste à l’ordre que Dieu a établi, et ceux qui résistent attireront une condamnation sur eux-mêmes. Ce n’est pas pour une bonne action, c’est pour une mauvaise, que les magistrats sont à redouter. Veux-tu ne pas craindre l’autorité ? Fais-le bien, et tu auras son approbation. Le magistrat est serviteur de Dieu pour ton bien. Mais si tu fais le mal, crains ; car ce n’est pas en vain qu’il porte l’épée, étant serviteur de Dieu pour exercer la vengeance et punir celui qui fait le mal. Il est donc nécessaire d’être soumis, non seulement par crainte de la punition, mais encore par motif de conscience. C’est aussi pour cela que vous payez les impôts. Car les magistrats sont des ministres de Dieu entièrement appliqués à cette fonction. Rendez à tous ce qui leur est dû : l’impôt à qui vous devez l’impôt, le tribut à qui vous devez le tribut, la crainte à qui vous devez la crainte, l’honneur à qui vous devez l’honneur.

D&A 58:21, qui en 2022 me laisse régulièrement perplexe:

Que personne n’enfreigne les lois du pays, car celui qui garde les lois de Dieu n’a pas besoin d’enfreindre les lois du pays.


Honnêtement, je crois que ces deux passages font référence à des lois qui régulent la vie civile en prônant l'honnêteté comme valeur défendue par la loi et fondement de l'ordre dans la société. Je crois aussi que le Seigneur s'exprime alors dans des contextes où les gouvernements concernés jouent des rôles plus généraux dans l'organisation de la société et laissent une liberté de conscience suffisante pour permettre à la foi d'être vécue et prêchée sans autre obstacle que l'incrédulité des gens. Si l'Empire romain a persécuté les Chrétiens, Paul en a tout de même appelé à César pour se protéger du Sanhédrin, et quand il a témoigné devant le roi Agrippa, le roi et le gouverneur "et tous ceux qui étaient assis avec eux" ont reconnu qu'il n'a "rien fait qui mérite la mort ou la prison" (Actes 26:30-31). Et en 1831, la Constitution des États-Unis était encore jeune et les lois étaient probablement plus soucieuses de protéger la liberté religieuse que de l'entraver.



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Le Douzième Article de Foi, texte fondamental s'il en est:

Nous croyons que nous devons nous soumettre aux rois, aux présidents, aux gouverneurs et aux magistrats, et que nous devons respecter, honorer et défendre la loi.

À la conférence générale d'octobre 2013, l'apôtre L. Tom Perry a donné un discours qui résumait la doctrine et les principes contenus dans les articles de foi. Il a dit, au sujet de celui-ci:


Les dixième, onzième et douzième articles de foi nous enseignent la façon d’accomplir l’œuvre missionnaire et de parler de l’Évangile dans un monde composé de différents pays et lois. On nous parle du rassemblement d’Israël en préparation de la seconde venue du Sauveur. Nous apprenons que les hommes et les femmes sont libres d’agir et qu’ils peuvent accepter ou refuser la parole de Dieu selon leur conscience. Et enfin, nous apprenons qu’en répandant l’Évangile de Jésus-Christ aux quatre coins du monde, nous devons respecter le gouvernement de chaque pays où nous nous trouvons. Nous croyons, en vérité, que nous devons respecter, honorer et défendre les lois de chaque pays.

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En effet, l'Église n'envoie pas de missionnaires de façon clandestine et s'efforce de maintenir une bonne relation avec les gouvernements où elle est établie, dans le but de favoriser l'oeuvre du salut. L'objectif demeure l'accès des enfants de Dieu à la prédication de la plénitude de l'Evangile et aux ordonnances du salut. Une bonne relation avec un gouvernement augmente les chances de pouvoir obtenir des visas pour les missionnaires, l'autorisation de construire des temples....et facilite la vie des membres (allant de la protection contre la discrimination religieuse à la possibilité d'avoir une réduction d'impôts).




Cela est bien, mais jusqu'où est-il avisé de faire des compromis pour maintenir cette relation Église-gouvernements?

"L'objectif de l'Église est d'amener les bénédictions de Dieu à ses enfants des deux côtés du voile. Ce n'est que dans nos temples que nous recevons les plus hautes bénédictions que Dieu a en réserve pour ses enfants fidèles. Alors, à quel point cela a-t-il été difficile de prendre la décision de fermer les temples? Ç'a été douloureux, et angoissant. Je me suis demandé: qu'est-ce que je dirais au prophète Joseph Smith? Qu'est-ce que je pourrais dire à Brigham Young, Wilford Woodruff, et aux autres présidents jusqu'à Thomas S. Monson? Je vais bientôt les rencontrer. Fermer les temples allait refuser à tous ce pour quoi ces Frères ont tout donné, mais nous n'avions réellement aucune alternative."

Tout d'abord, si le prophète dit qu'il n'y avait pas d'alternative, je le crois. Point. Quelque soit la tentation de rationaliser. Maintenant, là où c'est intéressant de réfléchir, c'est...pourquoi? Il a littéralement dit que l'oeuvre était la raison d'être de l'Eglise...ce qui suggère qu'interrompre l'oeuvre temporairement était la seule manière de préserver et de poursuivre l'oeuvre sur le long terme. J'ai la foi et le témoignage que le prophète dirige l'Église en s'appuyant sur la révélation à laquelle il a droit en vertu des clés de prêtrise qu'il détient. J'ai également la foi et le témoignage que Dieu, qui est à l'origine des révélations du prophète, guide ce dernier en bénéficiant d'une perspective plus large, plus éternelle, plus exhaustive et compréhensive que la nôtre. Donc même des choses qui nous paraissent a priori contradictoires sont cohérentes dans le plan de Dieu. D'où aussi l'importance de rechercher constamment son inspiration même en ayant une bonne compréhension de la doctrine et des principes de l'Évangile; leur application ponctuelle peut nous surprendre et nous ne cessons jamais de devoir exercer notre foi.


Un autre exemple de décision prophétique ayant poussé le prophète aux limites de sa notion de la cohérence du Plan et de l'action de l'Église est le Manifeste. Le Seigneur a montré au prophète Wilford Woodruff que la pratique du mariage plural, bien qu'ayant eu sa place et son utilité à une période de l'histoire de l'Église, n'était pas vitale au déroulement du plan de salut et au développement de l'Église ou au salut de ses membres, contrairement aux temples et au maintien de l'organisation de la prêtrise. La solution au dilemme peut nous paraître évidente aujourd'hui, mais Wilford Woodruff, lui-même mari de quatre épouses, a dû mettre fin à une pratique de deux générations de membres qui avaient diligemment oeuvré à l'établissement de Sion.



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Ainsi, nous voyons que l'Église de Jésus-Christ s'efforce, au pire de maintenir un statu quo, au mieux de coopérer avec les différents gouvernements pour se garantir une liberté de mouvement et accomplir l'oeuvre de Dieu sur terre.

Malheureusement les Écritures ne manquent pas d'exemples où cela n'a pas, ou n'a plus été possible après une dégénération dans l'apostasie. Des moments où soit à cause des dirigeants, soit à cause de la culture, le cadre juridique dans lequel évoluait le peuple de Dieu se retournait contre lui: Jézabel et Elie, Schadrac, Meshac et Abednego et la fournaise ardente, Daniel et la fosse aux lions, Esther et Mardochée.... Il y a des moments où, inévitablement, les disciples de la justice se retrouvent au pied du mur de la foi, et doivent se positionner. L'épreuve de la crainte de l'homme et de ses lois contre la crainte de Dieu et de ses commandements. Arrive un moment où, comme Pierre et ses compagnons, les disciples de Jésus-Christ doivent dire: "Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes" (Actes 5:29).


Bien sûr, ça n'a pas été le cas la plupart du temps. En fait, la plupart du temps le peuple persécute illégalement les prophètes. Dans le Livre d'Ether, certains rois protègent les prophètes persécutés par le peuple. Amulek parle "en faveur de [la loi]" pour la condamnation de ses détracteurs, et se fait enfermer avec Alma sur la base de faux témoignages. Ce sont aussi des faux témoignages qui ont conduit à la crucifixion de Jésus-Christ. Léhi et Samuel le Lamanite se sont retrouvés menacés par des gens qui ne croyaient pas à leurs paroles mais n'avaient pas de pouvoir judiciaire. Le roi Noé a condamné Abinadi sur un caprice. Souvent, la persécution des prophètes vient directement de la colère provoquée par la culpabilité ou plus généralement par l'aveuglement spirituel des persécuteurs. Même à une époque où le peuple de Néphi était particulièrement corrompu, juste avant la crucifixion du Christ, c'est secrètement que des juges iniques ont exécuté les prophètes, car ils n'en avaient pas le pouvoir légal_ni motif légal (3 Néphi 6:23-25).



Dans Star Wars, quand le Sith déchu Maul s'entend dire qu'il va être conduit à la justice, il réplique en disant que la notion de justice n'est que la construction du pouvoir en place et de l'ordre établi, qui sont amenés à changer.



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Mosiah 29: 12-27 relate le plaidoyer du roi Mosiah pour que son peuple se tourne vers un système plus démocratique pour freiner la tendance de l'orientation des lois à changer et à se corrompre.


Or, il vaut mieux qu’un homme soit jugé par Dieu que par l’homme, car les jugements de Dieu sont toujours justes, mais les jugements de l’homme ne sont pas toujours justes.
C’est pourquoi, s’il était possible que vous ayez pour rois des hommes justes, qui établiraient les lois de Dieu et jugeraient ce peuple selon ses commandements, oui, si vous pouviez avoir pour rois des hommes qui feraient ce que mon père Benjamin a fait pour ce peuple — je vous dis que si cela pouvait toujours être le cas, alors il serait opportun que vous ayez toujours des rois pour vous gouverner.
Et j’ai moi-même travaillé de tout le pouvoir et de toutes les facultés que je possédais pour vous enseigner les commandements de Dieu et pour établir la paix dans tout le pays, afin qu’il n’y ait plus de guerres ni de querelles, ni de vol, ni de pillage, ni de meurtre, ni aucune sorte d’iniquité ; et quiconque a commis l’iniquité, je l’ai puni selon le crime qu’il a commis, selon la loi qui nous a été donnée par nos pères.
Maintenant, je vous le dis : parce que tous les hommes ne sont pas justes, il n’est pas opportun que vous ayez un roi ou des rois pour vous gouverner.
Car voici, quelle iniquité un seul roi méchant ne fait-il pas commettre, oui, et quelle grande destruction ! Oui, souvenez-vous du roi Noé, de sa méchanceté et de ses abominations, et aussi de la méchanceté et des abominations de son peuple. Voyez quelle grande destruction s’est abattue sur eux, et aussi, à cause de leurs iniquités, ils ont été réduits en servitude. Et s’il n’y avait pas eu l’interposition de leur Créateur à la sagesse parfaite, et cela à cause de leur repentir sincère, ils seraient demeurés dans la servitude jusqu’à maintenant. Mais voici, il les a délivrés, parce qu’ils se sont humiliés devant lui ; et parce qu’ils l’ont imploré avec ferveur, il les a délivrés de la servitude ; et c’est ainsi que le Seigneur agit avec son pouvoir, dans tous les cas, parmi les enfants des hommes, étendant le bras de la miséricorde vers ceux qui placent leur confiance en lui. Et maintenant voici, je vous le dis, vous ne pouvez détrôner un roi inique, si ce n’est par beaucoup de querelles et par l’effusion de beaucoup de sang. Car voici, il a ses amis dans l’iniquité, et il maintient ses gardes autour de lui ; et il met en lambeaux les lois de ceux qui ont régné dans la justice avant lui ; et il foule sous ses pieds les commandements de Dieu ; et il décrète des lois, et les envoie parmi son peuple, oui, des lois à la manière de sa propre méchanceté ; et tous ceux qui n’obéissent pas à ses lois, il les fait périr ; et tous ceux qui se rebellent contre lui, il leur envoie ses armées pour qu’elles leur fassent la guerre, et s’il le peut, il les détruit ; et c’est ainsi qu’un roi injuste pervertit les voies de toute justice. Et maintenant, voici, je vous le dis, il ne convient pas que de telles abominations s’abattent sur vous. C’est pourquoi, choisissez-vous, par la voix de ce peuple, des juges, afin d’être jugés selon les lois qui vous ont été données par nos pères, qui sont correctes, et qui leur ont été données par la main du Seigneur.
Or, il n’arrive pas souvent que la voix du peuple désire quelque chose de contraire à ce qui est juste ; mais il arrive souvent que la plus petite partie du peuple désire ce qui n’est pas juste ; c’est pourquoi, vous observerez cela et vous en ferez votre loi : faire vos affaires par la voix du peuple. Et si le temps vient où la voix du peuple choisit l’iniquité, c’est à ce moment-là que les jugements de Dieu s’abattront sur vous ; oui, c’est à ce moment-là qu’il interviendra contre vous par une grande destruction, comme il est intervenu jusqu’à présent dans ce pays.

Je dis "freiner" parce que le constat est fait à peine une soixantaine d'années plus tard que malgré la multiplication des gardes-fous, les lois ont changé et avec elles la notion de justice (Hélaman 4: 21-22) :

Oui, ils commencèrent à se souvenir des prophéties d’Alma, et aussi des paroles de Mosiah ; et ils virent qu’ils avaient été un peuple au cou roide, et qu’ils avaient méprisé les commandements de Dieu ;
et qu’ils avaient changé et foulé aux pieds les lois de Mosiah, ou ce que le Seigneur lui avait commandé de donner au peuple ; et ils virent que leurs lois s’étaient corrompues, et qu’ils étaient devenus un peuple méchant, de sorte qu’ils étaient aussi méchants que les Lamanites.

D'ailleurs, le gouverneur élu se lasse de ce dilemme et démissionne (Hélaman 5: 1-4)

Et il arriva que cette même année, voici, Néphi remit le siège du jugement à un homme dont le nom était Cézoram. Car, comme leurs lois et leurs gouvernements étaient établis par la voix du peuple, et que ceux qui choisissaient le mal étaient plus nombreux que ceux qui choisissaient le bien, ils devenaient mûrs pour la destruction, car ils avaient corrompu les lois. Oui, et ce n’était pas tout ; ils étaient un peuple au cou roide, de sorte qu’ils ne pouvaient être gouvernés ni par la loi ni par la justice, si ce n’est pour leur destruction. Et il arriva que Néphi s’était lassé de leur iniquité ; et il céda le siège du jugement et prit sur lui de prêcher la parole de Dieu pendant tout le reste de ses jours, et son frère Léhi aussi, tout le reste de ses jours.

Et il s'en va effectivement prêcher l'Evangile, jusqu'à ce qu'ironiquement il soit lui-même mis en jugement, accusé du meurtre de Cézoram (son successeur), dont il a annoncé le meurtre par le don de prophétie. En relisant ce récit récemment, j'ai été frappé de me rendre compte à quel point le scénario pouvait être réaliste pour notre contexte actuel. J'avais toujours lu cette histoire (Hélaman 7-9) en pensant vaguement que ces magistrats corrompus étaient lourds et l'intrigue simpliste. Pourtant j'en suis venu, à tort ou à raison, à les "comprendre" jusqu'à un certain point. Même sans compter leurs intérêts particuliers dans cette affaire, leur réaction est tout à fait celle de personnes qui ne sont pas disposées à croire à l'Esprit de prophétie. Si aujourd'hui le prophète annonçait le meurtre d'un membre du gouvernement avant que la chose soit connue officiellement ou publiquement, il serait un suspect automatique. Et s'il révélait l'identité du coupable, contrairement à Néphi qui a été acquitté, il serait doublement suspect. À juste titre?


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C'est une chose de séparer l'Eglise et l'Etat, c'en est une autre de retirer complètement la religion et la révélation de la vie quotidienne, ou de la "vraie vie", comme si la religion n'était qu'une tradition et un credo à réciter en privé, et surtout ne devait pas pénétrer les autres aspects de la vie d'une personne ou d'un peuple. Bien sûr, le rôle du prophète est de témoigner du nom de Jésus-Christ et de diriger l'oeuvre du salut sur terre, et non d'être consultant judiciaire. D'ailleurs, si en l'occurrence Dieu a fait connaître ces choses à Néphi, ou si Dieu a révélé à Alma où Moroni devait aller sauver des prisonniers néphites (Alma 16:4-6), Dieu accorde rarement (en tout cas d'après les registres) ce type de révélation via son porte-parole dont l'appel est autre et parce que ce type de "révélation" n'a souvent que peu voire pas de conséquence sur le salut spirituel ou temporel des enfants de Dieu. D'ailleurs le peuple néphite n'a toujours pas cru à la prédication de Néphi suite au dénouement de l'épisode, et ce malgré le fait que certains aient initialement été assez impressionnés pour le qualifier de "dieu". Je choisis donc de croire que les conséquences étaient alors suffisamment significatives pour qu'Alma et Néphi recherchent et révèlent de telles informations.

Ce que je trouve révélateur dans cette histoire, c'est de voir à quel point un peuple et son système législatif et judiciaire (ce qui comprend ses officiers) qui sont aveuglés par Satan peuvent rapidement se tourner contre et condamner un prophète même quand il parle de choses sur lesquelles ils sont a priori d'accords (ils étaient tous d'accords pour condamner le meurtre du grand juge).


Nous sommes dans les derniers jours. Les prophètes dont notamment Néphi et Jean le Révélateur ont eu la vision d'une manière ou d'une autre de la mainmise de l'Adversaire de toute justice sur le monde et ses institutions. Qu'il s'agisse d'une Bête faisant la guerre aux saints (Apocalypse 13: 7 (1-8)), d'une grande prostituée combattant les saints parmi toutes les nations (1 Néphi 14:13), il est clair que Satan lutte contre l'Église du Christ.

Mais au-delà du fait de simplement persécuter physiquement ceux qui s'efforcent de suivre Jésus, Lucifer depuis le commencement a lutté contre l'âme, le salut, la progression des enfants des hommes. En particulier, il est un principe central au plan qui fait l'objet de ses attaques depuis que le plan de salut nous a été présenté lors du grand conseil dans les cieux : le libre arbitre. C'est en vertu du libre arbitre que nous pouvons exercer la foi en Jésus-Christ et nous repentir et ainsi que "le grand plan de miséricorde [a droit sur nous]"_Alma 42:31.

La liberté de conscience, la liberté de choisir, de choisir de croire, la liberté religieuse est en jeu. Satan non seulement pousse les hommes à mal utiliser leur libre arbitre, ou à ignorer le bien, il séduit les puissants et les législateurs avec les richesses et les louanges du monde pour qu'ils légifèrent de façon à limiter la liberté religieuse (Hélaman 7: 4-5). Les philosophies des hommes les plus populaires se moquent ou antagonisent la religion. "La religion est l'opium du peuple", affirme Karl Marx, pour ne citer qu'un exemple. Ce n'est pas une surprise. Moroni l'a vu en son temps, et nous a avertis (Ether 8: 20-26):

Et maintenant, moi, Moroni, je ne décris pas la forme de leurs serments et de leurs combinaisons, car il m’a été révélé qu’ils existent parmi tous les peuples, et ils existent parmi les Lamanites.
Et ils ont causé la destruction de ce peuple dont je parle maintenant et aussi la destruction du peuple de Néphi.
Et toute nation qui soutient de telles combinaisons secrètes, pour obtenir du pouvoir et du gain, jusqu’à ce qu’elles se répandent dans la nation, voici, elle sera détruite, car le Seigneur ne souffrira pas que le sang de ses saints, qu’elles auront versé, crie toujours du sol vers lui pour que la vengeance s’abatte sur elles, sans qu’il les venge.
C’est pourquoi, ô Gentils, Dieu juge sage que ces choses vous soient montrées, afin que vous puissiez, ainsi, vous repentir de vos péchés et ne pas permettre que ces combinaisons meurtrières prennent de l’ascendant sur vous, elles qui sont édifiées pour obtenir du pouvoir et du gain — et que l’œuvre, oui, l’œuvre de destruction s’abatte sur vous, oui, que l’épée de la justice du Dieu éternel tombe sur vous, pour votre ruine et votre destruction, si vous souffrez que ces choses soient.
C’est pourquoi, le Seigneur vous commande, lorsque vous verrez ces choses venir parmi vous, que vous preniez conscience de votre situation affreuse à cause de cette combinaison secrète qui sera parmi vous ; ou malheur à elle à cause du sang de ceux qui ont été tués ; car leur cri monte de la poussière pour que la vengeance tombe sur elle, et aussi sur ceux qui l’ont édifiée.
Car il arrive que quiconque l’édifie cherche à renverser la liberté de tous les pays, nations et peuples ; et elle cause la destruction de tous les hommes, car elle est édifiée par le diable, qui est le père de tous les mensonges ; oui, ce même menteur qui séduisit nos premiers parents, oui, ce même menteur qui pousse l’homme à commettre le meurtre depuis le commencement ; qui a endurci le cœur des hommes, de sorte qu’ils assassinent les prophètes, et les lapident, et les chassent depuis le commencement.
C’est pourquoi, moi, Moroni, j’ai pour commandement d’écrire ces choses, afin que le mal soit aboli et que puisse venir le moment où Satan n’aura aucun pouvoir sur le cœur des enfants des hommes, mais qu’ils soient persuadés de faire continuellement le bien, afin de venir à la source de toute justice et être sauvés.

Le rôle des prophètes et des saints est clairement énoncé. "Ne pas permettre que ces combinaisons [...] prennent l'ascendant sur [nous]". Et comment doivent-ils faire ça? Faut-il prendre les armes, comme le Capitaine Moroni autrefois, et dresser un étendard de la liberté? Au passage, les conspirations royalistes parmi les Néphites semblaient avoir tendance à avoir pour objectif de détruire l'Eglise_comme par hasard (que ce soit avec Amlici (Alma 2: 2-4) , ou avec Amalickiah (Alma 46:10) notamment), alors que quand les "justes" étaient majoritaires, la liberté religieuse était la norme (Alma 30: 7-9, 11). C'est fou comme le Livre de Mormon semble avoir été écrit pour notre époque.


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Il y a 2 leviers principaux qui sont pratiqués par l'Eglise.

Le premier est la prédication de l'Evangile. D'abord au sein de l'Eglise elle-même, pour le perfectionnement des saints et une conversion plus profonde et complète aux principes de l'Évangile et une plus grande consécration à l'oeuvre du salut. Ensuite l'oeuvre missionnaire par sa nature même cherche à répandre ces notions et rallier davantage de gens à la cause de la liberté, directement ou indirectement.

Le second est l'ensemble des efforts de discussions et de lobbying menés par l'Église en faveur de la préservation de la liberté religieuse. Des interventions des dirigeants de l'Eglise dans des conférences universitaires aux coalitions interconfessionnelles, l'Église encourage en outre ses membres à s'investir dans la vie publique pour défendre non seulement des valeurs justes mais de plus en plus pour faire valoir la liberté religieuse.

Elder Jeffrey R Holland l'a ainsi exprimé dans une veillée pour les jeunes adultes que je recommande à tous d'étudier encore et encore:

Au vingt-et-unième siècle, nous ne pouvons plus fuir. Nous allons devoir nous battre pour que soient établies des lois, des circonstances et des environnements qui permettent la libre pratique et la propagation de la religion dans le monde. C’est là un moyen de tolérer que nous vivions à Babylone mais sans en faire partie.

Les prophètes, les apôtres, s'efforcent par là de gagner du temps pour que l'oeuvre du salut puisse aller de l'avant pour préparer le retour prochain du Sauveur. Nous savons que ceux qui s'efforcent de soutenir le Christ, son Evangile, ses enseignements, ses commandements, seront minoritaires jusqu'à la Seconde Venue. Nous sommes habitués à l'opposition, mais nous devons nous préparer à ne pas hésiter devant l'opposition de la loi si un jour elle devenait contraire aux commandements de Dieu. Les prophètes seront-ils discrédités à nos yeux quand ils seront condamnés par des tribunaux terrestres? Craindrons-nous de soutenir des "délinquants", des "criminels" et d'être haïs et ridiculisés comme étant aveugles, manipulés, idiots, complices, traitres, et nous-mêmes criminels, au même titre que des "vrais" criminels?

Je ne dis pas que les prophètes et nous serons nécessairement martyrisés, puisqu'il a été promis que les clés de la prêtrise ne seraient plus enlevées de la terre. Toutefois des tribulations sont tout aussi promises en ces derniers jours, et il nous faudra probablement sacrifier notre réputation, comme Amulek (Alma 10:4).

Nous devons savoir par le pouvoir du Saint-Esprit que nous sommes dirigés sur le bon chemin pour ne pas être assaillis par le doute quand ces tribulations arriveront.

Nous devons vivre à la hauteur de nos alliances et réellement être disposés à prendre sur nous le nom du Christ et à garder les commandements qu'il nous a donnés. Le chemin des alliances est un chemin de sacrifice et de consécration. C'est un chemin de joie. Un chemin et une joie qui requièrent que nous laissions nos fardeaux aux pieds du Sauveur, comme un chameau qui laisse ses bagages pour entrer par le portillon de la ville.

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Quand le Christ reviendra, tout genou fléchira pour reconnaître qu'Il est le Messie, le Roi des rois. Mais pour paraphraser Neal A. Maxwell ("Pourquoi pas maintenant?", conférence générale d'octobre 1974) , dans l'avènement de cette confession collective, le fait de s'agenouiller aura bien moins de valeur quand il ne sera plus possible de se tenir debout.

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